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Zurich, ou le syndrome de l'éléphant

Paradeplatz à Zurich, le coeur de la place économique suisse Keystone

Le canton de Zurich célèbre, ce week-end, le 650ème anniversaire de son rattachement à la Confédération. L'occasion de dresser le bilan de ce qu'apporte ce poids lourd économique et démographique à la Suisse. Et vice et versa. C'est ce que fait un livre, qui vient de paraître aux éditions de la Neue Zürcher Zeitung.

Ce contenu a été publié le 06 juillet 2001

Zurich est l'éléphant de la Confédération. Avec 1,2 millions d'habitants -1 million dans l'agglomération qui, autour de la ville, déborde les frontières cantonales - c'est le canton le plus peuplé. Un Suisse sur six est Zurichois. Vu sous l'angle économique, le poids-lourd l'est encore plus. Zurich «pèse» plus de 20% du produit national.

Quel est le profil aujourd'hui de ce canton, à la fois centre économique, financier, culturel, scientifique ? Et où en sont ses relations avec le reste de la Suisse ? Ce sont les questions auxquelles répondent, avec beaucoup de compétence, une vingtaine d'auteurs d'horizons très différents dans «La Suisse et Zurich, Zurich et la Suisse». Un livre sorti juste à temps pour marquer cet anniversaire.

Zurich et la Suisse : des relations marquées par ce que l'on pourrait appeler le syndrome de l'éléphant. On se méfie de celui qui est plus gros. Un sentiment qu'atteste, dans sa contribution, Vreni Spoerry, qui occupe l'un des deux sièges zurichois au Conseil des Etats. «On n'aime pas particulièrement les Zurichois et Zurich, écrit-elle, et ils rencontrent dans le monde politique une bonne dose de scepticisme.»

Une méfiance très répandue donc, et dont on trouve peut être une forme aiguë chez les Romands. «Fondamentalement, ils ont l'image d'une ville menaçante, par son pouvoir économique, par son dynamisme, analyse Christophe Büchi, le correspondant de la NZZ en Suisse romande. Une ville dominante, un peu arrogante, un peu hégémonique.» Même si, fait-il remarquer, ce cliché a tendance à se nuancer depuis quelques années.

Les Romands ne sont pas les seuls à catégoriser ainsi «les Zurichois». Mais ils passent généralement à côté d'une réalité que les autres alémaniques ne peuvent pas ignorer, dialecte aidant: Zurich est rempli de non-Zurichois. Près de la moitié des habitants du canton sont en effet nés ailleurs (26% dans d'autres cantons et 23% à l'étranger). En ville, les natifs de Zurich sont même une minorité (33%).

Zurich est donc une machine à intégrer. Et plutôt bien, comme le raconte dans ce livre le président de la Confédération, Mortiz Leuenberger. Arrivé à 20 ans sur les bords de la Limmat, avec son accent bâlois, il représente aujourd'hui son canton d'adoption à la plus haute charge du pays.

L'agglomération zurichoise joue donc, dans toute la région, le rôle d'un aimant. Et si elle attire, c'est justement parce qu'elle est grosse : population, activité économique, infrastructures en tout genre. Elle a atteint, explique Beat Kappeler, une «masse critique». Le journaliste, qui est aussi économiste, y trouve d'ailleurs beaucoup d'avantages. «Dans le melting-pot de Zurich, les anciens clivages se dissolvent, de nouveaux horizons s'ouvrent.»

Mais cette «masse» n'est-elle pas porteuse de tensions? «Au fond, avance Christophe Büchi, le fédéralisme ne marche, sur le plan politique, que s'il y a une certaine décentralisation au niveau économique.» Or c'est le contraire qui a tendance à se produire. Moritz Leunenberger relève lui aussi le danger. «Aucune société, écrit-il, ne peut supporter à la longue de trop grandes différences sociales.» Et le président d'en référer à une «identité supérieure», au sein de la Confédération, basée sur la solidarité.

Beat Kappeler, de son côté, juge que le fédéralisme suisse, aujourd'hui , «est une façade mensongère, qui ne tient pas compte de réalités.» Pour lui, les Zurichois devraient affirmer davantage leurs intérêts, quitte à faire cavalier seul. Il applaudit d'ailleurs au passage la décision zurichoise donner à l'école la priorité à l'apprentissage de l'anglais. «Zurich doit innover, dit encore Beat Kappeler, dans cette Suisse un peu sclérosée.»

Pierre Gobet, Zurich

"Die Schweiz und Zürich, Zürich und die Schweiz", Kenneth Angst (éd.), Verlag Neue Zürcher Zeitung, Zurich, 2001

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