Zep: Whole Lotta Love à Genève
Zep, le créateur du célèbre «Titeuf», est évidemment présent au Salon du Livre par le biais de ses albums. Mais aussi au Salon de la Musique, au travers d’une exposition qui présente les planches de «L’enfer des concerts», sa dernière BD.
Il a décalqué son pseudonyme sur le nom de Led Zeppelin, le groupe britannique qui inventa le hard rock sous la houlette du guitariste Jimmy Page et du chanteur Robert Plant. Aujourd’hui, c’est plutôt Bob Dylan qui le fascine, Dylan, dont il recherche tous les albums pirates.
Avec de telles références, on aurait pu craindre pour Zep qu’il fût perçu comme totalement hors du coup, largué dans des sixties de légende et des seventies évanouies à jamais. Et bien non: en matière de BD, plus branché que Zep, c’est difficile.
Après les Arts décoratifs de Genève, puis une collaboration avec le journal Spirou, Zep a publié plusieurs albums, restés relativement confidentiels: «Victor n’en rate pas une», «Léon Coquillard», «Kradok Amanite Bunker»… Mais c’est Titeuf qui va le faire exploser, Titeuf, dont chaque nouvelle aventure cartonne aux quatre coins de la francophonie.
Le prochain épisode de Titeuf paraîtra en août. Mais pour faire patienter ses lecteurs, Titeuf a désormais son merchandising: la «Boutique Titeuf» qui décline le personnage sur d’innombrables gadgets. Titeuf a même son journal, «Tchô», selon l’expression favorite du bambin.
Les enfants se reconnaissent dans ce personnage de leur âge. Les ados apprécient son irrévérence et son attirance immodérée pour les petites choses triviales de la vie. Et les adultes lisent par-dessus l’épaule de leurs rejetons, parce qu’ils les retrouvent dans les pages de Zep. Et parce qu’ils s’y retrouvent eux-mêmes, avec de nombreuses années et autant de principes en moins.
C’est là le talent de Zep. Ses BD sont des reflets. Des miroirs, déformants peut-être, mais miroirs quand même. Et les albums qui ne relèvent pas de la saga Titeuf fonctionnent de la même façon: «Les filles électriques» nous rappellent immanquablement et de façon assez friponne nos pulsions érotico-affectives d’adolescent, et «L’enfer des concerts» nous replonge sans difficultés et avec humour dans la fournaise des concerts pop, comme on disait en 72. Et nous reviennent alors la crinière de Robert Plant, les shorts d’Angus Young, ou le décolleté de Janet Jackson…
Lorsque Zep déambule dans le Salon du Livre, vous avez immédiatement une ribambelle de gamins qui l’entourent, avides d’autographes et autres dédicaces. Zep, une rock star qui s’ignore au pays de la BD?
Bernard Léchot

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