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Yeslam Binladin au centre d'une guerre de l'information

Pour Yeslam Binladin, demi-frère d'Oussama, la vie est devenue un enfer. Keystone Archive

Les Français soupçonnent Yeslam Binladin de blanchiment d'argent. Suisses et Américains semblent, eux, ne pas douter de son innocence.

Ce contenu a été publié le 31 mars 2002 minutes

Depuis le 11 septembre 2001, la vie de Yeslam Binladin, 51 ans, demi-frère d'Oussama, est devenue un enfer. Il ne peut plus voyager, ni travailler. Et, victime de menaces, le fondateur de la société SICO à Genève ne vit plus que sous protection.

A ces désagréments majeurs, il faut ajouter, depuis le début du mois de mars, une procédure judiciaire pour blanchiment d'argent confiée à l'un des magistrats français les plus pugnaces, Renaud Van Ruymbeke. Résultat: tout ce qui appartient à Yeslam Binladin a été perquisitionné dans l'Hexagone et en Suisse.

Cette semaine, la police fédérale n'a jamais déployé autant de moyens (cinquante policiers) pour fouiller quatre domiciles et neuf sociétés à Genève, Berne, Zoug et Zurich. Pour l'opinion publique, il n'y a pas de fumée sans feu. Comment expliquer un tel acharnement, sinon par des liens entre Yeslam Binladin et son frère Oussama?

C'est d'ailleurs la thèse du livre «La vérité interdite», un best-seller en France et en Allemagne, mais interdit en Suisse à la demande de Yeslam. L'ouvrage affirme que l'une des caractéristiques de la Saudi Bin Laden Group, créée en Arabie Saoudite par le père de Yeslam et d'Oussama, «est d'associer des personnalités de premier plan à des personnages controversés pour leur rôle dans des transactions douteuses».

Les Suisses font confiance à Yeslam

De son côté, le fondateur de SICO, installé en Suisse depuis 1985, a toujours répété qu'il n'entretenait aucun lien financier avec la Saudi Bin Laden Group et qu'il n'avait plus revu son frère Oussama depuis 1981. N'a-t-il pas 53 frères et sœurs, souvent dispersés dans le monde?

Les autorités suisses, qui ont longuement enquêté avant de lui accordé la nationalité helvétique, lui font confiance. Les perquisitions n'ont été faites qu'à la demande de la France. Yeslam n'a pas été inculpé. Cette manifestation policière d'envergure rappelle celle menée contre la société Al-Taqwa, de Lugano, en novembre dernier.

Les Suisses, qui craignent d'être soupçonnés de mollesse vis-à-vis des réseaux terroristes, coopèrent avec l'étranger. A la demande des Américains, Berne a donc bloqué les comptes d'Al-Taqwa et de ses dirigeants. Mais depuis, rien ne s'est passé, personne n'a été interrogé et la société a disparu.

Des découvertes «déterminantes» en France

Yeslam Binladin bénéficie d'un soutien appuyé des Etats-Unis. En effet, Washington reste officiellement convaincue que le royaume saoudien cherche à combattre le terrorisme. En conséquences, pas question de toucher au Palais de Riyad et aux principales familles du pays, notamment les Bin Laden.

En France, en revanche, des proches de l'enquête laissent entendre que des découvertes «déterminantes» auraient été faites, non pas dans «La Bergerie», la villa de Cannes occupée chaque week-end par Yeslam Binladin, mais dans deux autres habitations appartenant à sa famille.

Le fondateur de SICO reconnaît qu'une de ses sœurs possède une habitation du côté de Menton et un frère à Grasse, toujours sur la Côte d'Azur. Mais d'une part, il n'entretient plus de liens avec eux «depuis de nombreuses années» et, d'autre part, il n'aurait même pas entendu parler de ces perquisitions.

Deux des avocats de Yeslam Binladin se sont déjà entretenus avec le juge Renaud Van Ruymbeke. Le demi-frère d'Oussama a donné son accord pour rencontrer à son tour le magistrat français, affirmant que les transactions financières mises en cause et qui lui valent une accusation de blanchiment «ne portent que sur des ventes d'actions».

swissinfo/Ian Hamel

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