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Vote électronique: les partis politiques montrent un regain d'ouverture

Podium mit den Parlamentsmitgliedern Carlo Sommaruga (SP/GE), Laurent Wehrli (FDP/VD), Nicolas Walder (Grüne/GE), Elisabeth Schneider-Schneiter (Mitte/BL), Roland Fischer (GLP/LU) und Roland Büchel (SVP/SG), Adrian Moser / ASO

Les Suisses de l'étranger sont de plus en plus importants pour la démocratie helvétique. Les six membres des grands partis politiques suisses présents au 98e Congrès des Suisses de l'étranger sont unanimes sur ce point. C'est pourquoi ces derniers se montrent à nouveau coopératifs en matière d'e-voting.

Ce contenu a été publié le 22 août 2022

Sa main balaye l'audience: «Je dois aussi mon élection au Conseil des États aux Suisses de l'étranger», déclare le socialiste Carlo Sommaruga. Plus qu'un geste habilement placé, c'est une révérence.

Assis à côté de lui, son collègue Nicolas Walder, conseiller national des Verts de Genève, envoie lui aussi un signe de reconnaissance: «Le potentiel des citoyens étrangers est totalement sous-estimé en Suisse». Les autres femmes et hommes politiques présents sur le podium acquiescent. Elisabeth Schneider-Schneiter, conseillère nationale du Centre, se joint à eux. Elle couvre d'éloges les personnes présentes dans la salle du congrès - beaucoup de personnes d'un certain âge: «Vous êtes des influenceurs!»

200'000 électeurs et électrices

Les délégués et déléguées des clubs et associations suisses à l'étranger ont rarement reçu autant d'estime pour leur participation au fonctionnement de la démocratie nationale, qui plus est sous une forme aussi concentrée. Lors du 98e Congrès des Suisses de l'étranger, qui s'est tenu ce week-end à Lugano, six poids lourds politiques de tous les partis ont déclaré à l'unisson qu'il fallait faire tout ce qui était techniquement et financièrement possible pour que la Cinquième Suisse puisse participer régulièrement aux votations sans rencontrer d'obstacles.

Et élire aussi, bien sûr. C'est probablement ce qui explique ce changement de ton dans la politique suisse. Car dans un an auront lieu des élections fédérales. Un peu plus de 200'000 Suisses de l'étranger y participeront. C'est un électorat considérable, qui correspond à la force électorale d'un canton de taille moyenne. Aucun parti ne peut ignorer cet état de fait et les propositions n'ont jamais été aussi concrètes. La promesse est la suivante: il n'y aura plus d'opposition à la plus grande demande de la diaspora suisse, à savoir le vote électronique.

Aujourd'hui, les postes qui acheminent le matériel de vote suisse à l'étranger ne sont pas assez fiables, les délais sont souvent trop longs et la méthode est tout simplement inadaptée à de nombreuses régions. Le vote électronique serait donc la solution la plus adéquate, mais elle est encore lointaine. La Suisse a fait des essais pendant des années, a accumulé de nombreuses expériences. Mais les échecs se sont succédé au point que la confiance dans les systèmes s'est complètement érodée.

Comme au temps du courrier postal

Reste que le lobbying mené par l'Organisation des Suisses de l'étranger (OSE) depuis des années porte ses fruits. Un nouveau système est en train d'être créé. Tous les enseignements du passé doivent y être intégrés. La confiance du peuple dans un système de vote électronique est-elle toutefois encore réparable? «Il y a des gens dans tous les partis qui sont prêts pour le vote électronique», déclare Nicolas Walder. «Les débats d'aujourd'hui me rappellent ceux de l'introduction du courrier postal», ajoute Laurent Wehrli, conseiller national du Parti libéral radical PLR (centre droit). Roland Büchel (UDC / droite conservatrice) souligne: «Si vous ne pouvez pas avoir confiance dans le bon fonctionnement du système, vous n'aurez jamais le consentement des gens».

Elisabeth Schneider-Schneiter ajoute: «Dans le domaine de la numérisation, nous devons aussi parfois prendre des risques. L'industrie le fait. Nous investissons beaucoup trop peu d'argent dans la numérisation publique».

La démocratie semi-directe de la Suisse lui coûte depuis toujours de l'argent. Mais les Suisses de l'étranger en valent-ils la peine? Il existe bel et bien ce «terrible débat sur les Suisses de l'étranger», comme le rappelle Laurent Wehrli. «On parle de profiteurs de rentes sous les palmiers. Ou pire encore, de ces Suisses qui interviennent dans les décisions grâce aux votations, mais ne paient pas d'impôts».

Le point de vue sur le vote électronique a évolué

Jusqu'à présent, l'e-voting était considéré comme un projet avant tout pour les citoyennes et citoyens vivant à l'étranger et les personnes en situation de handicap. Pour les Suisses résidant au pays, il s'agissait plutôt d'un gadget technique, voire du certificat de capacité d'un État tourné vers l'avenir. Utile, mais non nécessaire, et certainement pas urgent.

Mais cette vision a évolué. Le Congrès des Suisses de l'étranger 2022 à Lugano l'a clairement montré. Celui-ci était centré sur la démocratie. Il s'est tenu physiquement pour la première fois depuis trois ans, et rien qu'au cours de ces trois années, beaucoup de choses ont changé. C'est désormais une lapalissade de dire que les démocraties ne vont plus de soi.

Elles ont besoin d'être renforcées et entretenues pour résister aux influences néfastes de l'extérieur, à la décomposition de l'intérieur et aux autocrates. La diversité est une force: plus un système - ou un électorat - est diversifié et large, plus ses décisions sont légitimes et plus sa résilience est élevée.

De nouveaux groupes, une démocratie plus forte

«L'inclusion du plus grand nombre possible de groupes renforce la démocratie», a déclaré Roland Fischer, conseiller national du parti vert libéral à la tribune. Lors de la discussion - mais aussi de toutes les conversations et interventions tout au long du Congrès - il est apparu clairement que de telles idées incluaient explicitement les étrangers en Suisse et les jeunes générations de votants. Plus ils et elles sont nombreuses, mieux c'est. Car si la démocratie doit perdurer, elle a besoin d'un renouvellement constant.

Andreas Feller est l'un des plus jeunes représentants du Conseil des Suisses de l'étranger, leur «Parlement». Il a habilement posé la question aux femmes et hommes politiques chevronnés présents sur le podium: «Le vote électronique ne pourrait-il pas aussi modifier de manière significative la composition de l'électorat?»

En d'autres termes: les personnes établies ont-elles quelque chose à perdre si de nouveaux électeurs et nouvelles électrices entrent soudainement en scène?

«Non, nous n'avons pas peur de cela», a répondu Roland Fischer. «Si nous pouvons toucher plus de jeunes avec le vote électronique, quelque chose de nouveau peut se développer».

Elisabeth Schneider-Schneiter, en politicienne expérimentée, a néanmoins donné raison au jeune Suisse de l'étranger venu d'Angleterre. «Oui, dit-elle, les technologies inconnues créent de l'incertitude». Oui, selon elle, cela a une influence.

Traduit de l'allemand par Emilie Ridard

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