Vendredi 13... Et alors?
C'est, cette semaine, le deuxième vendredi 13 de l'année. Bonheur ou angoisse? Au choix. Même si l'indifférence paraît être l'attitude la plus saine.
Mais à propos, pourquoi une telle charge émotive autour du nombre 13?
Les vendeurs de billets de loterie se frottent les mains: deux vendredi 13 en une année, c'est du pain béni! Il y a un moment, en effet, qu'ils essaient de faire croire aux joueurs tendance pigeons que ce jour leur est favorable.
Autre point de vue, on le sait, dans les hôtels, qui souvent, en Suisse comme ailleurs, ne comptent pas de chambre N° 13. Ou auprès des compagnies aériennes, qui évitent soigneusement toute référence à ce nombre «maudit».
Un nombre qui fait désordre
Pourquoi le 13 a-t-il si mauvaise réputation? Dans le monde chrétien, on vous répondra immédiatement que le phénomène est dû au souvenir de la Cène. A la fin du fameux repas, Jésus sera, selon la tradition, trahi par un disciple.
Or 1 Christ + 12 disciples = 13, le compte est bon. Ou plutôt le compte est mauvais: car «le treizième» est nécessairement indésirable, perturbateur. Etre 13 à table «porte malheur»...
Les rites et les symboles chrétiens, on le sait, se sont souvent construits sur des traditions beaucoup plus anciennes. C'est le cas notamment pour ce fameux nombre 13, et celui qui le précède, le 12...
On peut remonter très loin: le nombre 12 a toujours été perçu comme sacré. Il symbolise la plénitude et l'achèvement. Des exemples? Le Zodiaque, dont on trouve déjà des traces dans la civilisation babylonienne, comporte 12 signes.
Les dieux de l'Olympe étaient eux aussi au nombre de 12. Comme, chez les juifs, les tribus d'Israël, les fils de Jacob, les Portes de la Nouvelle Jérusalem... Ou les apôtres chez les chrétiens. Le nombre 12 est semble-t-il employé 189 fois dans la Bible. C'est dire la charge symbolique qui lui a été attribuée.
12, nombre de la plénitude et de l'achèvement depuis la nuit des temps... Le nombre 13, c'est donc celui de l'unité de trop, celle qui dépasse quand tout est bien aligné. Un chiffre désordre. Il ne pouvait donc qu'être affublé d'une aura négative. La cinquième roue du char, en quelque sorte.
Mort et résurrection
C'est au Moyen-Age - 13e ou 14e siècle, les sources varient - qu'apparaît en Europe le tarot. Un jeu de carte hautement symbolique, aux marges de l'occultisme.
Et que représente la carte n°13, le 13e arcane? La mort, tout simplement. Mais il ne faut pas oublier que dans la tradition ésotérique, c'est la mort du profane qui lui permettra de renaître initié...
Le 13e arcane n'est donc de loin pas aussi négatif qu'il peut en avoir l'air, puisqu'il implique une transformation, un progrès, un pas vers la lumière. Une forme de résurrection, en d'autres termes... Et la boucle est bouclée.
Alors vendredi 13, jour favorable, jour néfaste? L'un ou l'autre. L'un et l'autre. Comme un mardi 15 ou un lundi 23. Tout dépend ce que vous en ferez...
swissinfo/Bernard Léchot

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