Une retraite à 60 ans pour un métier à risques
Les métiers du bâtiment sont dangereux. Personne ne le conteste. Pas même les entrepreneurs. Et les statistiques des assureurs le confirment.
Selon les statistiques de la Caisse nationale suisse d'assurance en cas d'accident (CNA/SUVA), le secteur de la construction - qui emploie quelque 125 000 personnes - a enregistré 240 accidents pour 1000 travailleurs, en l'an 2000. Alors que la moyenne suisse est de 105 accidents.
Pire, selon les mêmes sources, un quart des accidents de travail mortels concernaient le secteur de la construction. «C'est vrai, admet Roland Vettovaglia, les travailleurs du bâtiment sont particulièrement exposés.»
«Mais, ajoute le responsable du secteur romand de la prévention des accidents à la SUVA, ils ne sont pas les seuls.» Et de citer les secteurs de l'exploitation forestière, des abattoirs et de la construction métallique qui présentent autant sinon plus de dangers.
100 millions de francs d'indemnités
Quoi qu'il en soit, ces secteurs-là emploient moins de personnes. Et les accidents de chantier restent ceux qui coûtent le plus cher. L'an dernier, la caisse a déboursé 310 millions de francs. Et un tiers des indemnités ont été versées au seul secteur de la construction.
«C'est en effet là que les coûts par accidents sont les plus élevés», confirme Roland Vettovaglia. A la différence d'un employé de bureau, un travailleur du bâtiment ne peut pas retourner sur les échafaudages avant d'être totalement rétabli».
Et les accidents ne sont pas les seuls risques. Les maladies et les invalidités en tous genres sont légion dans ce secteur clé de l'économie. Mais, là, les statistiques fédérales restent muettes.
Ni l'Office fédéral des assurances sociales ni le Secrétariat d'Etat à l'économie (seco) sont en mesure de fournir des chiffres. A défaut, il faut donc se reporter à des études - qui ne sont pas directement ciblées sur les travailleurs du bâtiment.
40% d'invalides avant la retraite
«Nous avons analysé 60 000 nouveaux cas de cancers dans divers cantons romands et alémaniques, dit Christine Bouchardy. Cette recherche confirme les liens qui existent entre la profession, le niveau social et le développement la maladie.»
Et le médecin responsable du registre genevois des tumeurs de poursuivre: «Pour les salariés situés au bas de l'échelle sociale, le risque de développer des cancers tels que ceux du larynx ou de l'œsophage sont deux fois plus élevé. Ce risque est, avant tout, lié au mode de vie.»
Une étude épidémiologique genevoise nous apprend, elle, que près de 40% des travailleurs du bâtiment deviennent invalides avant l'âge de la retraite. Alors que ce taux est de 3,8% seulement chez les architectes.
«Durant 20 ans, confie Massimo Usel, sociologue à l'Office cantonal de l'inspection du travail à Genève, nous avons suivi un groupe de salariés issus de 28 professions différentes. Il apparaît très clairement que la construction est au nombre des activités professionnelles les plus préjudiciables pour la santé.»
Selon cette même étude, seuls 80% des travailleurs du bâtiment arrivent à l'âge de la retraite. C'est, toutefois, mieux que les manœuvres qui travaillent dans les usines, puisque 27% d'entre eux meurent avant 65 ans.
swissinfo/Vanda Janka

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