Une question de cohésion nationale
Priorité à l'anglais ou bien à l'une des trois langues nationales? Les responsables cantonaux de l'instruction publique n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord sur la question de l'apprentissage de la première langue étrangère à l'école. La coordination des réformes restera donc de la compétence des régions
Le texte proposé aux délégués de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) n'a pas obtenu la majorité des deux tiers nécessaire à l'élaboration d'une recommandation.
Le texte en question proposait notamment de réglementer l'apprentissage des langues étrangères en fonction de la situation géographique des cantons. Une solution jugée particulièrement inacceptable pour les cantons bilingues.
«Selon ce système, estime Martine Brunschwig Graf, vice-présidente de la CDIP, dans certains cantons, les élèves francophones commenceraient par apprendre l'allemand. Et leurs voisins germanophones étudieraient l'anglais. Difficile, dans ce contexte, de favoriser une communication nationale.»
Les cantons bilingues et les latins - généralement favorables à l'apprentissage d'une première langue nationale - ont donc mis les pieds au mur. Par 15 voix pour, une contre et huit abstentions, les délégués de la CDIP ont refusé de déléguer leurs compétences et de se plier à une recommandation nationale.
Une situation qui n'est pas faite pour déplaire à Martine Brunschwig Graf. «Il faut savoir accepter les divergences, et avoir le courage de dire que l'on ne parvient pas au consensus», souligne la vice-présidente de la CDIP.
«Le choix de l'apprentissage des langues doit susciter un véritable débat national, poursuit Martine Brunschwig Graf. Il ne s'agit pas là d'une simple problématique pédagogique ou linguistique, mais d'une véritable question de cohésion nationale.»
En d'autres termes, Martine Brunschwig Graf souhaite que le débat soit porté sur la place publique. Contrairement à une partie des directeurs de l'instruction publique, elle espère que l'initiative parlementaire du Conseiller national Didier Berberat contribuera à susciter la discussion au niveau politique.
Récemment acceptée par le parlement, cette initiative prévoit d'inscrire dans la Constitution l'obligation de donner la priorité aux langues nationales dans l'enseignement.
Pour mémoire, des cantons alémaniques, Zurich en tête, ont récemment mis le feu au poudre en décidant d'opter pour l'enseignement de l'anglais. Et cela au dépens de l'une des trois langues nationales.
Vanda Janka

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