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Une nouvelle arme de protection contre le sida

Dans les pays en développement, l'homme tend à refuser le préservatif, malgré le risque du sida. Keystone

Des chercheurs de l’Université de Genève ont développé une nouvelle molécule qui bloque la transmission du virus du sida lors des rapports sexuels.

Ce contenu a été publié le 14 octobre 2004

Cette molécule microbicide a démontré son efficacité chez le singe. Des tests sur l’homme pourraient avoir lieu dans les douze mois.

La molécule en question a été baptisée PCS-Rantes. Son développement est le fait d’une équipe de la faculté de médecine de l’Université de Genève. Il a duré sept ans.

Les résultats de la recherche seront publiés vendredi dans le prestigieux journal américain Science.

Protéine de synthèse, PCS-Rantes a une fonction microbicide et peut s’appliquer directement sur les muqueuses des organes génitaux sous forme de mousse et de crème.

De ce fait, elle protége de la transmission du virus HIV et l’empêche de pénétrer dans le corps au moment de la relation sexuelle.

Jusqu’ici, la molécule a été testée en Louisiane (Etats-Unis) sur une trentaine de macaques.

«A ma connaissance, c’est la première fois qu’en test sur des singes, un agent biologique protège l’ensemble du groupe d’une infection par le virus», explique Robin Offord, directeur de la recherche.

La prochaine étape, aux dires du scientifique, est maintenant de savoir si la molécule ou une forme améliorée de celle-ci sera tolérée par l’être humain.

Le monde en développement

L’équipe genevoise espère que sa découverte pourra être utilisée dans les pays en développement qui, selon Robin Offord, concentrent 95% des transmissions du VIH.

Comme l’explique le professeur, l’une des explications de la prévalence du sida dans ces régions est le refus des hommes d’utiliser le préservatif.

Un microbicide efficace aurait donc pour vertu de permettre à la femme de se protéger lorsque son partenaire refuse le condom.

«L’utilisation des microbicides est davantage du ressort de la femme que de l’homme», indique Robin Offord à swissinfo.

«L’usage du condom doit être négocié, et souvent sans succès, poursuit le chercheur. Particulièrement dans les parties du monde où les femmes n’ont pas vraiment leur mot à dire sur leur propre sexualité.»

Cela dit, Robin Offord estime que le microbicide devrait idéalement être utilisé avec un préservatif, histoire de maximiser la protection.

Une découverte prometteuse

Responsable du département d’immunologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Guiseppe Pantaleo est aux avants-postes de la recherche sur un vaccin contre le sida en Suisse. Il considère la découverte genevoise comme prometteuse.

De nombreuses recherches sont actuellement en cours dans le domaine des microbicides, précise le chercheur.

«Cet article scientifique est très important, car il est solidement fondé sur le plan scientifique, contrairement à beaucoup d’autres», indique-t-il à swissinfo.

«Il s’agit d’un produit qui médite un développement clinique, poursuit le scientifique. Et c’est vers cela que nous devons nous diriger.»

De solides challenges

Selon Robin Offord, des tests sur l’humain pourraient intervenir d’ici une année. Son équipe tentera aussi de réduire le coût et le niveau de dosage de la substance microbicide.

A l’origine, l’objectif était de développer un produit puissant pouvant être utilisé à doses réduites. Ceci afin de le rendre meilleur marché pour les pays en développement. Mais jusqu’ici, de fortes concentrations ont dû être utilisées.

«En conséquence, il s’agit maintenant à la fois de tester la molécule pour la sécurité et d’en réduire la dose et le coût», explique Robin Offord.

Le chercheur ajoute toutefois que ce processus prendra du temps. «Plusieurs années» seront en effet nécessaires avant qu’une version du microbicide n’arrive sur le marché.

swissinfo, Isobel Leybold-Johnson
(traduction: Pierre-François Besson)

Faits

38 millions d’humains dans le monde sont porteurs du VIH.
Presque deux tiers d’entre eux vivent en Afrique sub-saharienne.
L’Afrique du Sud concentre le plus grand nombre de malades dans le monde – quelque 5 millions (estimation).
Le Botswana et le Swaziland détiennent les taux les plus élevés de malades séropositifs.

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