Une bouffée d’oxygène pour les milieux économiques
Le vote favorable du peuple aux accords bilatéraux a été unanimement applaudi par l’économie. Mais les camps se dessinent clairement entre les adeptes d'une rapide adhésion de la Suisse à l'Europe et ceux qui sont favorables au statu quo.
Les syndicats et le patronat ont exprimé dimanche leur satisfaction à l'issue de la votation sur les accords bilatéraux. Pour les premiers, il s'agit maintenant de veiller à l'application des mesures d'accompagnement alors que les seconds soulignent que de nouvelles chances sont offertes aux entreprises.
Ainsi, le conseiller national Pierre Triponez (rad./BE) s’est félicité, dimanche, du feu vert du peuple aux accords bilatéraux. Pour le directeur de l'Union suisse des arts et métiers (USAM), c’est une nette victoire. Mais l’euphorie qu’elle provoque n’est pas un signal pour faire un pas de plus en direction d’une adhésion à l’Europe.
Cri de victoire également du côté de l'Union suisse du commerce et de l'industrie (Vorort). «L'économie vit une belle journée», a déclaré dimanche Andres Leuenberger, président du Vorort. Ce score confortable constitue «une importante reconnaissance pour la place économique et industrielle suisse. Il permet de normaliser nos relations commerciales avec l'Union européenne (UE), notre principal client», a déclaré le patron des patrons suisses.
Les accords bilatéraux, longtemps attendus, offrent à la Suisse de bonnes chances d'avenir pour les entreprises dans l'intérêt de l'ensemble du pays, indiquent par ailleurs le Vorort et l'Union patronale suisse (UPS) dans un communiqué commun. En ce qui concerne l'avenir européen de la Suisse, toutes les options doivent être considérées, a ajouté Andres Leuenberger. «Mais il faut d'abord mettre en oeuvre les sept accords sectoriels avec l'UE.»
Du côté des paysans, c’est également la satisfaction qui prévaut. Pour le conseiller national écologiste (NE) Fernand Cuche, il s’agit là d’une ouverture historique. Le secrétaire de l’Union des producteurs suisses estime qu’il s’agit maintenant de s’organiser pour «que la qualité de nos produits soit attractive». Quant à une éventuelle adhésion à l’Europe, Fernand Cuche reste prudent. «L’application progressive des bilatérales permettra aux Suisse qui ont encore beaucoup de réticences à notre intégration à l’UE de se rendre compte que c’est une marche d’approche qui peut être positive pour nous.»
La Confédération des syndicats chrétiens de Suisse (CSC) est satisfaite de l'issue du scrutin. Selon la CSC, en disant oui le peuple suisse a manifesté son désir d'ouverture et vaincu certaines peurs, dont celle de la libre circulation des personnes. L'issue positive du scrutin favorisera la discussion incontournable de l'adhésion de la Suisse à l'UE.
C’est également la position de l'Union syndicale suisse (USS) qui par le biais de son vice-président Jean-Claude Rennwald (soc./JU) attribue l’excellence du résultat aux mesures d’accompagnement adoptées par le parlement, notamment sur le transport et la libre circulation des personnes. La Confédération et les cantons devront les mettre en oeuvre de manière «stricte et efficace», a rappelé l'USS qui demande par ailleurs que le droit suisse social et du travail s'ajuste au niveau européen, plus élevé.
«Avec une proportion de vote pareille, une dynamique s’est créée, souligne Jean-Claude Rennwald. Et elle va continuer de se développer. Le Conseil fédéral devrait saisir cette opportunité pour réactiver une demande d’adhésion.» Une position partagée par Christiane Brunner, présidente démissionnaire de la FTMH qui a déclaré que dans la foulée, il fallait poursuivre le débat de l'adhésion à l'UE avec l'initiative des jeunes «Oui à l'Europe».
Jugurtha Aït-Ahmed

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