Un remède de cheval pour sauver Swissair
C'est l'heure de la restructuration pour le groupe aérien suisse, qui a annoncé mardi son objectif: économiser un demi-milliard d'ici à la fin de l'année. Si les détails de ce plan ne sont pas encore connus, une chose est sûre: il y aura des suppressions d'emplois. Une perspective d'ores et déjà dénoncée du côté des syndicats.
Il y a eu tout d'abord, à la mi-mars, l'intervention d'urgence de Mario Corti pour sauver ce qui s'appelait encore SAirGroup. Puis est venu le diagnostique, début avril: un trou financier de près de 3 milliards de francs. Le grand déballage, ensuite, à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires. Le malade va maintenant entamer son traitement.
Et cela va prendre la forme d'un programme de restructuration et d'économie. L'objectif est ambitieux: réduire, de juillet à décembre, les coûts d'au moins 500 millions de francs suisses, par rapport à la même période de l'année passée. Soit environ 6% du chiffre d'affaires. Des mesures nécessaires, justifie le président Corti dans un communiqué, «pour que le groupe retrouve son équilibre».
Mais elles vont faire mal. Les suppressions de postes sont en effet «inévitables», dit le communiqué. Et Mario Corti d'ajouter: «L'intérêt général du groupe prime sur les intérêts individuels des secteurs et des personnes». Pour l'instant, Swissair n'avance aucun chiffre quant au nombre de personnes concernées, parmi les 70 000 qu'occupe le groupe. Mais, comme l'explique son porte-parole, Jean-Claude Donzel, ces mesures devraient toucher avant-tout «les cadres moyens et les postes administratifs».
Quoiqu'il en soit, du côté des syndicats, on est inquiet. «Dès le départ, nous avions cette appréhension et elle se concrétise aujourd'hui, commente à Genève Rémy Pagani, du Syndicat des services publics (SSP). Une position claire: «Ni licenciements, ni réductions de salaires, explique le secrétaire syndical. Nous estimons que si l'entreprise doit faire des économies, il faut qu'elle demande à ceux qui l'ont mise sur les genoux de passer à la caisse».
Autre question cruciale: Swissair va t-elle devoir également réaménager ses lignes aériennes? Là non plus, pas de réponse précise pour l'instant. «Nous n'avons pas attendu le lancement de ce programme pour examiner la rentabilité de nos lignes», déclare Jean-Claude Donzel, en précisant que cet examen se fait actuellement «de manière peut-être plus intense». Et il ajoute: «Le programme de vol de Swissair est un objectif qui doit être aussi examiné».
Une chose semble sûre, aujourd'hui: l'une des priorités de ce programme sera de refondre la structure héritée de l'époque Bruggisser. Le mouvement est d'ailleurs amorcé puisque, le 25 avril déjà, Mario Corti avait annoncé, devant les actionnaires, une simplification de l'organigramme: huit secteurs placés directement sous sa responsabilité.
But de l'opération, selon Jean-Claude Donzel: «une structure beaucoup plus mince et efficace». C'est aussi une volonté de recentrage sur les activités aériennes. Avec un credo: le client. «Le service au client et la qualité de notre produit sont au centre de nos efforts», précise ainsi Mario Corti dans le communiqué publié mardi.
L'opération est en tous cas visiblement de nature à convaincre les marchés financiers. A la Bourse suisse, l'action Swissair a pris 3 francs (plus 2,3%), terminant à la journée à 138 francs.
Pierre Gobet, Zurich

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