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Un ministre français inculpé de blanchiment

Renaud Donnedieu de Vabres (à g.) avec son collègue des Affaires étrangères. Keystone

Renaud Donnedieu de Vabres, ministre aux Affaires européennes, est lié à une fausse banque, le Fondo. Qui est dans la mire de la justice suisse.

Ce contenu a été publié le 27 mai 2002

Le nouveau gouvernement de la France compte un ministre...inculpé à deux reprises. En effet, Renaud Donnedieu de Vabres, responsable des Affaires européennes, est mis en cause depuis 1998 pour «blanchiment» et pour «infraction à la loi sur le financement des partis politiques».

Cette affaire n'est pas strictement franco-française. Le nouveau ministre est inculpé pour avoir déposé 5 millions de francs français (1,25 million de francs suisses) en liquide en 1996 dans une «coopérative financière» italienne. Or, le Fondo était déjà dans le collimateur de la justice suisse.

Faux prêts aux partis politiques

Le Fondo sociale di cooperazione europea n'est pas une véritable banque. Ses sociétaires se prêtent de l'argent entre eux. En clair, ils reçoivent un prêt correspondant à l'argent qu'ils ont déposé. Pour les spécialistes du crime organisé, c'est idéal pour blanchir l'argent sale

Effectivement, au moment où il recevait 5 millions de francs français en liquide, le Fondo octroyait au Parti républicain (PR), la formation politique de Renaud Donnedieu de Vabres, un prêt de la même somme.

Pourquoi cette curieuse opération, et pour camoufler quelle magouille? La justice doit décider le 29 mai prochain du renvoi ou non devant un tribunal correctionnel du nouveau ministre et de ses amis.

Le Fondo, animé par un étrange personnage, Ahmed «Charlie» Chaker, un Français d'origine yéménite, déjà poursuivi pour «exercice illégal de la profession de banquier», ne se contentait pas de réaliser des faux prêts à un parti politique français.

Pillage d'une banque roumaine

Cette coopérative financière italienne participait, entre autres, au pillage d'une banque roumaine, la Dacia Felix. Et c'est la justice genevoise, à la demande de la justice roumaine, qui a permis de mettre fin aux agissements du Fondo, mis virtuellement en faillite en 1998.

L'histoire peut se résumer ainsi. Sever Muresan, un ancien international de tennis roumain, met la main sur la Dacia Felix, le premier établissement financier privatisé du pays. Il vide ses coffres. L'argent passe par le Luxembourg, la Suisse, et atterrit au Fondo.

C'est le juge Laurent Kasper-Ansermet qui hérite du dossier, tandis que l'avocat genevois Charles Poncet défend les intérêts de la banque roumaine. Sever Muresan est finalement condamné en Suisse à trois ans et demi de réclusion. Il a effectué une partie de sa peine à Genève.

Faux banquier, vrai homme politique

Dans le cadre de cette affaire, le juge genevois interroge à Paris Guy Gennessaux, président du Fondo de 1992 à 1997. Ce dernier reconnaît que 159 millions de dollars appartenant à la Dacia Felix sont passés par la coopérative financière italienne. «Ce crédit ne correspond à aucun flux financier. C'est une simple écriture», avoue-t-il.

L'étiquette politique de Guy Gennessaux ne laisse pas indifférent. Ancien adjoint à la mairie de Paris, il appartenait à l'UDF, un rassemblement qui regroupe les familles centristes françaises, et notamment le Parti républicain de Renaud Donnedieu de Vabres.

swissinfo/Ian Hamel

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