Un Forum économique aux couleurs de l'Amérique
Le Forum économique mondial aura lieu cette année à New York, du 31 janvier au 4 février. Ses organisateurs ont présenté jeudi les points forts au programme.
«Nous réunissons un groupe extraordinaire de personnes, à un moment extraordinaire». La formule est de Klaus Schwab, le président et fondateur du Forum. Elle est emphatique, c'est la marque de la maison, mais elle est loin d'être creuse.
«On est en train de transporter la plate-forme internationale de dialogue la plus importante dans une ville qui a été la cible de ceux qui veulent justement empêcher le dialogue», ajoute Frédéric Sicre, l'un des directeurs-généraux de l'organisation, basée à Genève.
Une trentaine de chefs d'Etat
Pour cette 32ème édition, la liste des principales personnalités invitées ressemble une fois de plus à un who's who très sélect. On y trouve une trentaine de chefs d'Etat ou de gouvernement, une centaine de ministres.
Parmi eux le chancelier allemand Gerhard Schröder, deux ministres français, Laurent Fabius et Hubert Védrine, les Premiers ministres russe, australien et canadien. Ou encore le chef de la diplomatie américaine, Colin Powell.
La Suisse sera représentée par le président de la Confédération, Kaspar Villiger, flanqué du ministre de l'Economie, Pascal Couchepin, et celui des affaires étrangères, Joseph Deiss. Le président du Conseil des Etats Anton Cottier sera également présent.
Il faut y ajouter plus d'un millier de responsables économiques, dont le fondateur de Microsoft, Bill Gates, les patrons de Boeing, Coca-Cola, Nestlé ou encore celui de Vivendi Universal, Jean-Marie Messier).
Sans oublier plusieurs centaines d'universitaires, de responsables des médias, de représentants religieux, des membres d'organisation non-gouvernementales et d'artistes (Bono, Peter Gabriel, Khaled).
Changement de décor
Surtout, le Forum 2002 change de décor, passant de Davos à Manhattan. A la petite station de montagne succède l'une des capitales du monde. Officiellement, c'est en signe de solidarité avec la ville blessée par les attentats du 11 septembre.
Mais les atermoiements des autorités suisses, leur difficulté à offrir des garanties aux organisateurs ont sans doute aussi beaucoup pesé dans la balance. L'année passée, Davos avait été coupée du monde, pour assurer la sécurité du Forum et interdire toute manifestation anti-mondialisation. Ce qui n'avait pas empêché de sérieux débordements ailleurs, notamment à Zurich.
Cette fois, c'est à l'hôtel Waldorf Astoria, sur la prestigieuse Park Avenue, que les quelques 3000 participants se retrouveront. Les discussions devraient se concentrer autour d'une demi-douzaine de thèmes. Parmi eux, la situation de l'économie mondiale (comment retrouver la croissance), mais aussi la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
C'est pourtant avant tout le nouveau contexte international, les conséquences pour le monde des attentats contre les Etats-Unis, qui devrait dominer les débats. On parlera fragilité, vulnérabilité, en cherchant les moyens d'y remédier. On parlera également valeurs et respects des différences.
Un retour à Davos?
A cet égard, le déplacement du Forum va bien au-delà du symbole. «Je crois qu'il est essentiel, cette année, de déménager cette discussion et de l'installer sur le parvis des Américains, déclare Frédéric Sicre. Après les événements du 11 septembre, l'Amérique s'est retrouvée globalisée.»
Et il poursuit: «c'est très important d'ouvrir l'esprit des décideurs américains sur le reste du monde et sur la manière dont le reste du monde perçoit les Etats-Unis.»
Reste évidemment cette question: le Forum, après avoir goûté de New York, rentrera t-il en Suisse, l'année prochaine? «Revenir à Davos reste notre préférence», souligne Frédéric Sicre. Mais rien n'est joué. C'est à l'issue de la réunion new-yorkaise, le 4 février, que le conseil de fondation du Forum doit prendre sa décision.
Pierre Gobet, Zurich

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