Un ancien responsable de la Banque cantonale de Genève évoque «des dérives mafieuses»
Ce mercredi, les députés français Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, de la mission parlementaire sur le blanchiment d'argent, présentent un rapport qui s'annonce peu complaisant pour la Suisse. En ligne de mire, notamment, la Banque cantonale de Genève.
«J'ai été révoqué de la Banque cantonale de Genève France en 1996. Cet établissement s'est alors mis à faire du blanchiment d'argent à grande échelle», lance Bernard Monnot, que swissinfo a pu joindre lundi. Banquier à la Société générale à Lyon pendant deux décennies, il est chargé de créer en 1993 une filiale française de la BCGe.
Licencié de cet établissement qu'il avait contribué à fonder, Bernard Monnot se plonge alors dans les comptes de la BCGe France, qui possède des agences à Lyon et à Annecy. «C'est du blanchiment de novice. il apparaît clairement dans les comptes de cette banque qui sont d'ailleurs disponibles au greffe», souligne-t-il. Des accusations que la BCGe a, d'emblée, formellement rejetées.
Selon Bernard Monnot, l'argent blanchi provenait de fraudes fiscales mais aussi d'activités criminelles. Aussitôt, il alerte la Banque de France. Mais rien ne se passe. «Les autorités bancaires ont préféré fermer les yeux sur ce système mafieux plutôt que de faire des vagues», souligne l'ancien responsable de la BCGe France.
Aussi, Bernard Monnot a-t-il pris contact fin 1999 avec le député socialiste Arnaud Montebourg, rapporteur de la mission parlementaire sur le blanchiment, alors que ce dernier venait d'effectuer son premier déplacement en Suisse. Résultat, l'affaire de la BCGe et de sa filiale en France tiendra un rôle majeur dans le rapport présenté mercredi prochain et consacré à la Confédération.
«Ce rapport parlementaire va faire beaucoup de bruit», prévient Bernard Monnot. En Suisse, mais aussi en France où, visiblement, la Banque de France n'a pas fait son travail, y compris son patron Jean-Claude Trichet. «Ils n'ont pas réagi par peur du scandale. Pourtant un jour, il faudra qu'ils rendent des comptes», annonce l'ancien banquier.
Ian Hamel

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