Le "guérisseur" reconnu coupable d'avoir inoculé le virus du sida
Le "guérisseur" bernois a été condamné vendredi à 12 ans et 9 mois de réclusion. Le Tribunal régional Berne-Mittelland a reconnu cet homme de 54 ans coupable de lésions corporelles graves pour avoir inoculé intentionnellement le virus du sida à 16 personnes.
Le tribunal a également reconnu ce guérisseur autoproclamé coupable de propagation de maladies humaines. L'accusé, qui a toujours nié les faits, reste incarcéré, les juges bernois ayant ordonné une détention pour des motifs de sécurité.
Le "guérisseur" n'a pas réagi à la lecture du verdict. Mais selon son avocat Ernst Reber, il s'est montré très abattu en quittant la salle d'audience. La défense a souligné qu'aucune décision n'avait été prise quant à un éventuel recours auprès de la Cour suprême du canton. L'avocat veut d'abord prendre connaissance du jugement écrit. Le procureur s'est lui dit satisfait.
Sérieux indices
"L'accusé et personne d'autre est responsable de l'infection des 16 personnes", a déclaré le président du tribunal régional Urs Herren lors de la lecture du jugement. Il a expliqué que le tribunal avait prononcé le verdict de culpabilité en raison des sérieux indices à charge qui pesaient sur le "guérisseur".
Les analyses phylogéniques ont démontré que le virus des victimes avait clairement la même souche. Pour le président du tribunal, il ne fait donc aucun doute que la source de la transmission est la même. Selon toute vraisemblance, la contamination s'est faite au moyen d'une seringue avec du sang infecté.
Comme l'accusé a toujours proclamé son innocence, le tribunal a dû trancher entre ses déclarations et celles des personnes infectées. Le président a relevé que les déclarations des victimes n'avaient pas varié au cours de l'instruction et qu'elles étaient crédibles. Il a écarté une éventuelle collusion entre parties plaignantes.
Victime d'un complot
Le Ministère public réclamait 15 ans de réclusion. La défense avait plaidé l'acquittement estimant qu'il y avait trop de zones d'ombre. Quant au guérisseur autoproclamé, il a affirmé être victime d'un complot. Les contaminations ont eu lieu entre 2001 et 2005.
Le "guérisseur" a aussi fait parler de lui en se retranchant durant 24h00 dans sa maison. Invoquant des problèmes de santé physique et psychique, l'accusé avait refusé de se présenter devant le tribunal en cours de procès. Les juges avaient alors ordonné sa comparution forcée et chargé la police de l'amener de force à l'audience.
Mais l'accusé avait refusé d'obtempérer et menacé les agents venus le chercher à son domicile. Après un siège d'une journée, la police avait donné l'assaut vendredi dernier et arrêté l'accusé. Admis à la division cellulaire de l'Hôpital de l'Ile à Berne, le "guérisseur" avait réapparu lundi à son procès.