Temple Solaire: le procès de Michel Tabachnik s'ouvrira en 2001
Le chef d'orchestre franco-suisse Michel Tabachnik, inculpé pour «association de malfaiteurs» dans le cadre de l'enquête sur l'Ordre du Temple Solaire (OTS), sera jugé devant un tribunal correctionnel en 2001. Satisfaction des familles de victimes.
Le juge grenoblois Luc Fontaine persiste et signe. Il veut voir le chef d'orchestre, soupçonné d'être membre de l'OTS, dans le box des accusés. C'est que le juge Fontaine en sait un bout sur cette affaire. Il est chargé de l'enquête sur la secte et le massacre de Saint-Pierre-de-Cherennes, dans le massif du Vercors (Isère), qui avait fait
16 morts le 15 décembre 1995. Et en cinq ans de travail, il a réussi à constituer un dossier d'instruction de plus de 50 volumes.
Dans une ordonnance de renvoi de 427 pages, il estime aujourd'hui qu'il y a suffisamment d'éléments à l'encontre de M. Tabachnik pour renvoyer le chef d'orchestre devant le tribunal. Le juge a suivi les réquisitions du parquet qui, depuis la clôture de l'instruction, en janvier dernier, avait détaché un magistrat spécialement sur ce dossier.
Michel Tabachnik sera le seul prévenu à comparaître dans cette affaire. Claude Giron, le pharmacien de Brest également mis en examen pour «association de malfaiteurs», n'est pas renvoyé devant le tribunal correctionnel et fait l'objet d'un non-lieu.
La justice reproche à Michel Tabachnik d'avoir «rédigé et diffusé un enseignement doctrinal destiné à conditionner les individus dans l'idée qu'ils appartenaient à une élite investie d'une mission rédemptrice et à créer une dynamique homicide», indique l'arrêt de renvoi.
Il est plus particulièrement reproché au chef d'orchestre d'avoir participé à deux réunions de l'OTS, les 9 juillet et 24 septembre 1994 à Avignon. Lors de ces deux réunions, M. Tabachnik «devait annoncer la fin du dit groupement ou entente et l'aboutissement de sa soi-disant mission, dont l'objet même était la commission de crimes en projet ou déjà préparée».
Concernant le drame de Saint-Pierre-de-Cherennes et le volet «assassinats» de l'information judiciaire ouverte en décembre 1995, le juge Fontaine conclut à l'extinction de l'action de la justice et prononce un non-lieu partiel. Son enquête montre en effet que les auteurs du massacre du Vercors sont morts lors du drame et qu'il n'y a eu aucune intervention extérieure.
Le procès en correctionnelle de Michel Tabachnik ne devrait pas intervenir avant 2001. Les audiences devraient se poursuivre sur trois à quatre semaines. Une centaine de témoins pourrait être cités lors de ce procès déjà qualifié d'exceptionnel par le monde judiciaire.
Les réactions à la suite de la décision du juge ont été immédiates. M. Tabachnik n'a pas «vocation à être le bouc émissaire ou le faire-valoir du travail de M. Fontaine. Il se posera la question de la participation de mon client à ce procès», a déclaré l'avocat du chef d'orchestre. «Je rappelle que la justice suisse lui a accordé des non-lieux
dans les affaires de l'OTS, estimant qu'il n'y avait rien à lui reprocher», a ajouté Me Francis Szpiner.
De son côté, Me Jacques Barillon, avocat des familles de victimes et président de l'association internationale de défense des victimes de l'OTS, a souligné sa satisfaction. «C'est ce pourquoi nous nous sommes battus», a-t-il relevé.
Soixante-quatorze personnes au total ont péri lors de suicides collectifs présumés de membres de l'OTS, en octobre 1994 à Salvan et Cheiry en Suisse et au Canada, puis en décembre 1995 en France, et en mars 1997 au Canada. La justice suisse avait rendu un non-lieu concernant les deux suicides collectifs sur son territoire.
swissinfo avec les agences

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