Scinder le Valais en deux demi-cantons
Faut-il diviser le Valais en deux demi-cantons? Deux députés romands du canton réclament, à travers un postulat provocateur, que cette option soit examinée.
Cette proposition réjouit le Haut-Valais germanophone, qui a déjà émis des rêves séparatistes. Malaise?
«En politique, il n'existe pas de tabous», déclare le député et sociologue Gabriel Bender (parti socialiste). Ce dernier, conjointement avec un collègue député radical de Martigny, exige que les avantages et les inconvénients d'un partage du Valais en deux demi-cantons, Bas-Valais et Haut-Valais, soient analysés.
Pour Gabriel Bender il s'agit «d'adapter la constitution aux réalités actuelles». Le canton n'a jamais vraiment été uni. De fait, de nombreux doublons existent déjà, dans les institutions politiques notamment. «L'adaptation des structures cantonales peut aussi être un atout», estime encore M. Bender.
Frustration haut-valaisanne
Les discussions sur le détachement du Haut-Valais ne datent pas d'hier. C'est pourtant la première fois que la question est ouvertement posée, ce qui réjouit le Haut-Valais.
«Nous saisissons volontiers la perche qui nous est tendue», déclare Beat Abgottspon, chef de la fraction haut-valaisanne du Parti démocrate-chrétien (PDC) au parlement cantonal (Grand Conseil).
Jusqu'ici, les propositions sur le sujet qui émanaient du Haut-Valais ont toujours été ignorées. Mettre tous les arguments sur la table serait une base de discussion utile. «Deux cultures sont enrichissantes mais elles doivent aussi se respecter», souligne M. Abgottspon. Ce qui n'est pas toujours le cas.
Récemment en effet, la situation s'est tendue entre le Haut et le Bas-Valais dans les débats autour des fusions de communes et des aides financières. Majoritaires au parlement, les députés francophones ont obligé la commune germanophone d'Ausserbinn à fusionner avec ses trois voisines.
Quelques semaines plus tard, en décembre, la même majorité francophone a exigé que des fusions soient à l'ordre du jour de deux communes, haut-valaisannes à nouveau, ayant demandé l'aide de l'Etat pour assainir leur situation financière.
Ces démonstrations de force ont heurté de nombreux parlementaires haut-valaisans.
Une entité inséparable
Josef-Anton Kuonen, secrétaire de la région économique de Brigue/Aletsch (Haut Valais), serait «immédiatement disposé» à créer deux demi-cantons.
«A part l'évêque, le Rhône et l'histoire, nous n'avons que très peu de choses en commun», estime M. Kuonen. Ce dernier est sûr que cette scission donnerait une impulsion à l'économie.
Le président du Grand Conseil, Patrice Clivaz (PDC), ne a pas le même regard. A une époque où les communes fusionnent et où les Etats européens se rapprochent, ce postulat est une «folie».
«Le canton du Valais est une entité inséparable», estime le premier citoyen du canton.
Patrice Clivaz ne nie cependant pas que certains récents votes du parlement ont parfois eu un caractère «ethnique» lorsque la majorité francophone s'est opposée à la minorité germanophone. Mais pour lui, en faire une généralité serait une erreur. Et à son avis, le postulat sera balayé.
Unité à préserver
Dans une interview accordée au quotidien Walliser Bote, le conseiller d'Etat Wilhelm Schnyder s'est dit «défenseur convaincu de l'unité cantonale».
Le représentant du gouvernement valaisan prend néanmoins au sérieux les rumeurs de scission qui courent de part et d'autre de la Raspille, petite rivière en amont de Sierre qui joue le rôle de «barrière de rösti» valaisanne.
Le Valais a besoin de la force économique du Valais romand et du Valais germanophone, estime M. Schnyder. Le réseau culturel et économique doit être renforcé pour éviter que l'unité ne se lézarde.
swissinfo et les agences

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