SAirGroup-Sabena: les pilotes mettent la pression
La tension sociale est à son comble à l'approche de l'assemblée extraordinaire qui décidera, jeudi en fin de journée, du sort de Sabena. Si un accord social n'intervient pas, SAirGroup, propriétaire à 49,5% de la compagnie, peut demander sa dissolution.
Ultimatums, grèves, réunions de crise... Ces derniers jours ont ressemblé à un résumé des conflits sociaux qui ont émaillé l'activité de Sabena depuis 1995, année de la montée en puissance de SAirGroup dans le capital de la compagnie belge. A une différence près: cette fois, le personnel au sol semble jouer la carte de la négociation, alors que les pilotes ont opté jusqu'au dernier moment pour l'épreuve de force.
Regroupés en une association très combative, la BeCA, les pilotes étaient déjà à l'origine de l'exigence d'un audit indépendant sur la gestion de Sabena. Leur hantise, c'est une morte lente d'une compagnie vidée de sa substance par SAirGroup.
Pour l'association, l'actionnaire suisse n'a investi dans Sabena que pour en extraire ce qui l'arrange, autrement dit avant tout une étiquette européenne, des lignes et un «hub», Bruxelles, complétant opportunément Zurich.
Mercredi matin, la direction de Sabena n'a pas donné suite à l'ultimatum des pilotes. Ceux-ci demandaient notamment d'être associés davantage à la gestion du groupe, par une participation au capital et au Conseil d'administration. Proposition jugée «farfelue» par la direction.
Du coup, 140 pilotes ont déclenché une grève surprise, clouant au sol 55 vols. Une grève interrompue à la mi-journée, les pilotes jugeant «défendable» une nouvelle proposition de la direction.
SAirGroup et l'Etat belge ont redit leur fermeté après la venue à Bruxelles du patron du groupe suisse, Eric Honegger, et du nouveau responsable des compagnies aériennes, Moritz Suter. L'acceptation du plan de restructuration, ont-ils dit, est «un minimum absolu» pour le feu vert à la recapitalisation de Sabena.
Moritz Suter confie d'ailleurs à qui veut l'entendre qu'il n'est «pas sûr» que SAirGroup et Sabena aient «un avenir commun». Cette déclaration, rapportée par l'Agence télégraphique suisse, sera sans doute de nature à renforcer la détermination des pilotes.
Thierry Zweifel, Bruxelles

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