SAirGroup: Moritz Suter jette l'éponge
SAirGroup traverse plus que jamais une zone de tempête. Après le débarquement de Philippe Bruggisser en janvier, Moritz Suter quitte à son tour le navire. L'ancien patron de Crossair estime ne pas avoir les moyens de mener à bien la restructuration des compagnies aériennes du groupe.
Moritz Suter, figure de proue de la branche en Suisse, n'a tenu que six semaines à la tête de SAirlines et des participations de SAirGroup. Il quitte son poste «avec effet immédiat» au moment où le groupe connaît de très gros problèmes avec sa stratégie, en Belgique et en France notamment.
Le président du conseil d'administration Eric Honegger, qui assure l'intérim à la présidence de la direction après le départ le 23 janvier de Philippe Bruggisser, proposera un remplaçant à Moritz Suter dans les plus brefs délais, écrit mercredi SAirGroup. L'homme fort du groupe aérien dit regretter cette démission, mais l'accepte.
En fait, le départ de Moritz Suter constitue le troisième retrait d'envergure de personnalités qui ont façonné le SAirGroup ces dix dernières années. Paul Reutlinger, ancien no 1 de la compagnie belge Sabena dont SAir contrôle 49,5 %, avait démissionné le 3 février de son poste de directeur du pôle français de SAirGroup (AOM, Air Liberté et Air Littoral).
Bien que brutal, le départ de Moritz Suter «n'est pas une surprise», indique à l'ats Pierre Condom, directeur de la revue Interavia. Selon lui, l'ancien patron de Crossair a repris le poste, mais parce qu'il n'avait pas une connaissance réelle de la situation.
Non seulement Moritz Suter n'avait pas tous les éléments en main, mais en plus il n'avait sans doute pas l'envergure pour diriger le pôle aérien de SAirGroup, en dépit de son excellente connaissance de la branche. «Il y a une différence entre piloter un holding comme SAirGroup et Crossair qui, en comparaison, a la taille d'une PME.»
A ses yeux, la tâche de redressement sera très complexe et très longue. Reste que le conseil d'administration n'aura pas d'autre choix que de «faire le ménage». «Cela va coûter très cher de se débarrasser de toutes les participations sans valeur», ajoute l'expert, citant notamment les participations dans les compagnies françaises et dans Sabena.
Pierre Condom ne voit pas de successeur potentiel à Moritz Suter à l'intérieur de la société. SAirGroup souffre depuis longtemps d'un gros problème de management, selon l'expert. La composition du conseil d'administration est sur ce point parlante: ce dernier ne compte pas un seul spécialiste des transports.
swissinfo avec les agences

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