Sacre du HC Lugano, l'argent ne fait pas tout
Une ultime victoire acquise avec brio contre Davos (4-0!) permet au HC Lugano de fêter le 6e titre national de son histoire.
Malgré de gros moyens financiers, cette consécration trouve, avant tout, sa raison d'être dans des choix sportifs judicieux.
Lugano aura donc du patienter quatre ans avant de soulever une nouvelle fois le fameux vase bleu, décerné au champion de Suisse de hockey sur glace. Avec, à la clé, le sixième titre national d'une histoire vieille de 62 ans qui prend une dimension toute particulière.
Pourtant, cette année, les «bianconeri» ne figuraient pas parmi les tout grands favoris, laissant ce privilège aux ZSC Lions, à Davos, voire à Berne.
«Ce titre tombe vraiment à point, lâche le président Beat Kaufmann. Il récompense une certaine patience de notre part, mais également de nos supporters qui ont connu quelques désillusions dans un passé récent.»
Un fanion géant supplémentaire sera donc rajouté au plafond de la Resega, aux côtés de ceux des cuvées 1986, 1987, 1988, 1990 et 1999, qui rappellent les sacres passés.
Mais le titre 2003 ne saurait en rien se comparer aux précédents, qui portaient tous la patte du «grande Lugano», pour reprendre une expression tellement en vogue au Tessin.
Une époque révolue
Cette fois-ci, impossible d'évoquer d'un raccourci simpliste les «millionnaires de Lugano» qui achètent à coups de millions leur trophée et qui ne dominent la LNA qu'en sortant leurs chéquiers.
«C'est un vieux cliché qui n'a plus sa raison d'être, rétorque Beat Kaufmann. C'était valable à la fin des années 80, lorsque le club avait effectivement plus de moyens que ses rivaux. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.»
En d'autres termes, l'époque où le mécène Geo Mantegazza faisait seul la pluie et le beau temps dans le hockey suisse est révolue.
Aujourd'hui, Geo Mantegazza tire encore les ficelles en coulisses, Et le HC Lugano s'affiche, bien sûr, comme l'un des bastions les plus fortunés de LNA.
Le budget annoncé de quelque 10 millions de francs annuels ne tient pas la route. Il est, selon toutes les estimations, plus proche des 13 ou 14 millions.
Les grosses fortunes
Mais Lugano n'est plus seul dans le club des grosses fortunes. Le CP Berne, soutenu par le groupe Valora, régate dans les mêmes eaux et peut se permettre de rafler le joueur le plus cher du pays (Christian Dubé).
Les ZSC Lions comptent sur le précieux secours de leur président-mécène Walter Frey. Qui leur a offert sur un plateau deux titres nationaux.
Grâce à la manne de la Coupe Spengler, Davos parvient à se maintenir dans ce club restreint. Avec le groupe américain Anschutz, Ge/Servette ne masque pas ses ambitions. Tout comme le néo-promu bâlois, soutenu par un puissant mécène, anonyme mais généreux.
Lugano bénéficie d'une solide assise financière. Mais il doit essentiellement son titre à des choix sportifs judicieux. Avec d'abord le limogeage en cours de saison de son entraîneur Jim Koleff, avantageusement remplacé par Larry Huras.
Les 'blanc et noir' ont aussi pu compter sur le meilleur hockeyeur évoluant en Suisse, en la personne de Petteri Nummelin, l'artiste finlandais qui peut décider à lui seul d'un match.
Sans oublier les deux Canadiens Mike Maneluk et Brandon Convery et la légion romande incarnée par les Fuchs, Conne, Keller, Jeannin et Aeschlimann, décisifs lors des play-off. Des atouts qui ont fait pencher la balance.
swissinfo/Jonathan Hirsch

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