Navigation

Ruth Dreifuss craint les effets secondaires de la médecine Denner

L'initiative crée une inégalité devant l'accès aux médicaments, selon Ruth Dreifuss. Keystone

L'initiative Denner menace la sécurité des médicaments et crée une inégalité grave des citoyens devant l'accès aux médicaments. C'est ce qu'a déclaré vendredi la conseillère fédérale Ruth Dreifuss.

Ce contenu a été publié le 12 janvier 2001 minutes

La cheffe du Département fédéral de l'intérieur a lancé officiellement la campagne contre l'initiative Denner «Pour des médicaments à moindres prix» soumise au peuple le 4 mars prochain. Elle a critiqué les deux volets de cette initiative.

D'abord, en prévoyant que l'assurance maladie rembourse seulement le médicament le moins cher, elle crée une inégalité devant l'accès aux médicaments, les patients devant payer de leur poche les produits plus chers. Ensuite, en autorisant la vente en Suisse sans contrôle supplémentaire des médicaments admis à l'étranger, elle pose des problèmes concernant la sécurité des produits.

«Le médicament le moins cher n'est pas toujours le plus approprié», a déclaré Ruth Dreifuss pour illustrer le côté inégalitaire de cette initiative. La proposition Denner obligerait par exemple les malades chroniques à changer de médicament chaque fois qu'un produit moins cher serait mis en vente.

Les médecins verront aussi leur liberté thérapeutique entravée. Ils devront en effet toujours prescrire aux assurés le médicament le moins cher, même s'ils estiment qu'un produit plus cher est indiqué pour la maladie en cause. Et les pharmaciens seront obligés de remettre un générique existant, c'est-à-dire une copie du médicament original, même si le médecin a prescrit un original.

Ruth Dreifuss a aussi mis en garde contre le danger d'autoriser la vente en Suisse de médicaments admis à l'étranger sans enregistrement supplémentaire par les autorités fédérales. «La Suisse serait inondée par des dizaines de milliers de médicaments provenant de multiples pays, dont les critères d'admission sont extrêmement divers».

Des emballages analogues pourraient contenir des dosages différents, certains modes d'emplois être incompréhensibles et des contrefaçons être introduites en Suisse, s'est inquiétée Ruth Dreifuss. «Comment les pharmaciens pourront-ils s'y retrouver dans cette jungle», s'est-elle interrogée, craignant même des accidents thérapeutiques.

Selon Ruth Dreifuss, il est possible d'importer en Suisse des médicaments moins chers sans risquer de porter atteinte à la sécurité des médicaments. Actuellement déjà, les médicaments provenant de l'étranger peuvent être vendus en Suisse à condition d'avoir été admis par les autorités.

Le Parlement vient par ailleurs d'autoriser les importations parallèles (plusieurs importateurs pour le même produit) pour les médicaments dont le brevet est arrivé à l'échéance, et ce après le contrôle d'usage.

La cheffe du Département fédéral de l'intérieur estime que ces importations parallèles devraient avoir un effet à la baisse sur les prix en Suisse. Tout dépend en réalité des marges que se tailleront les importateurs.

Ruth Dreifuss craint enfin que l'initiative entraîne un affaiblissement de la place scientifique suisse. Les exportations de produits pharmaceutiques représentent 18 pour cent du total des exportations de la Suisse et la conseillère fédérale n'aimerait pas que la Suisse «soit à la traîne des autres pays dans la recherche de nouveaux médicaments».

swissinfo avec les agences

Articles mentionnés

En conformité avec les normes du JTI

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Joignez-vous à la discussion

Partager cet article

Changer le mot de passe

Souhaitez-vous vraiment supprimer votre profil?