En 2007, la Suisse présentait sa production culturelle en France voisine. Un 1er volet si positif que non seulement les partenaires de France voisine organisent la 2e phase, mais souhaitent pérenniser et organiser les échanges culturels.

Le retour de la belle voisine a été annoncé le 4 décembre en grande pompe au milieu des dorures et des miroirs de l'Hôtel municipal de Genève, le Palais Eynard. Logiquement, puisque huit projets sur une quarantaine seront présentés en 2009 dans la cité de Calvin.

«98% de notre frontière cantonale touche la France et nous sommes enclavés comme une île», a rappelé Patrice Mugny. Et le conseiller administratif responsable de la Culture d'oser la comparaison avec «le Berlin d'avant la chute du Mur». «Et n'oublions pas que 50% des Genevois ont de la parenté française», ajoute le «ministre de la Culture» de la Ville de Genève.

Inversement, les 85'000 Suisses inscrits sur les registres du consulat suisse à Lyon constituent la plus importante communauté de Suisses de l'étranger du monde.

C'est ce constat qui avait fait germer l'idée de la belle voisine en 2002, lors d'une rencontre à Paris entre le conseiller fédéral Pascal Couchepin et Jean-Pierre Raffarin, premier ministre français d'alors.

«A l'époque, nous avions renoncé à Paris, où la Suisse est déjà très présente avec notre centre culturel de Poussepin. Et choisi Lyon, deuxième ville de France, et la région frontalière de Rhône-Alpes, qui constituent un 'bassin culturel' commun avec la Suisse», résume Lukas Heuss, responsable de l'opération pour Pro Helvetia.

La fondation suisse pour la culture s'est fortement investie pour concrétiser ce projet, en collaboration avec le consulat de Suisse à Lyon.

Un bilan 2007 positif

C'est ainsi qu'en 2007, l'«aller» de La belle voisine a permis de présenter la création suisse contemporaine à Lyon et dans 15 villes de la région Rhône-Alpes, attirant près de 60'000 visiteurs et spectateurs.

«Cela a été l'occasion pour nos institutions et acteurs culturels de découvrir ou de mieux connaître la production suisse, par exemple dans les arts plastiques. Le bilan est si positif que nous avons souhaité poursuivre avec la 2e phase», relève Yvon Deschamps, adjoint à la Culture du Conseil Régional Rhône-Alpes.

«Ce ne sont pas que des mots, poursuit M. Deschamps, puisque les collaborations et les échanges de méthodes de travail nous ont convaincus d'aller au-delà et de pérenniser les échanges à long terme et de manière permanente.» Autrement dit, de créer une instance de coopération culturelle commune entre les responsables et des élus des deux côtés de la frontière.

Pas de frontière culturelle

«Il n'y a pas de frontières culturelles entre nous, car nos échanges sont forts.» Cette conviction affichée par Yvon Deschamps trouve son écho chez Lukas Heuss, tout aussi convaincu que «les liens qui unissent nos régions voisines sont prioritaires».

Genève mise à part, Pro Helvetia gère le retour de La belle voisine dans le reste de la Suisse. «Cela fait partie de notre stratégie, qui consiste à collaborer étroitement avec les régions limitrophes», explique Lukas Heuss.

Stratégie qui, outre la belle voisine, a commencé en 2004 à Gênes (Italie) et se poursuivra en 2009 à Linz (Autriche), capitales de la culture et, en 2012, en Lombardie (Italie).

En attendant, de janvier à novembre 2009, le retour de La belle voisine offrira plus de 40 événements pluridisciplinaires rhônalpins dans plus de 30 lieux en Suisse : à Neuchâtel, Bienne, Fribourg, Zurich, Genève, Bâle, Bulle, Lausanne...

Match retour

Comme à l'aller, le programme va de la danse au théâtre, en passant par la musique, les arts plastiques, les performances/installations, les manifestations littéraires, les films et autres colloques.

Deux rendez-vous importants sont à relever puisqu'ils auront lieu en Suisse alémanique. L'association Arty-Faty, organisatrice du festival Nuits sonores de Lyon, organise son «Match retour» à Zurich, du 26 au 29 mars.

Mais aussi l'exposition «Rhône-Alpes et Romandie, ici et le monde», organisée du 27 juin à fin novembre 2009 par la Maison de l'architecture Rhône-Alpes et le Musée d'Architecture de Bâle.

«En tant que Zurichois, je suis convaincu que la Suisse alémanique elle aussi a besoin de mieux connaître la France voisine, qui s'est beaucoup investie dans ce grand projet», se réjouit Lukas Heuss. Lequel déplore le fait que, plus que la frontière franco suisse, c'est la frontière linguistique à l'intérieur de la Suisse qui constitue le «réel obstacle».

Quoi qu'il en soit, les festivités seront lancées officiellement le 10 janvier au Théâtre du Passage de Neuchâtel, en présence de Pascal Couchepin, ministre suisse de la Culture, et de Jean-Jack Queyranne, président du Conseil régional Rhône-Alpes.

swissinfo, Isabelle Eichenberger

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative