Rêver d'un cinéma «meilleur»
Le Conseil des Etats a finalement adopté la loi sur le cinéma. Avec un compromis. La taxe incitative pourra être perçue en ultime recours seulement. La branche veillera elle-même à la variété et à la qualité de l'offre.
Jugée trop interventionniste, la loi avait été rejetée en première lecture. Aujourd'hui, «la pellicule est recollée et le film peut se poursuivre», se réjouit la conseillère fédérale Ruth Dreifuss. Le compromis élaboré avec les principales associations cinématographiques suisses a porté ses fruits.
Une taxe, en dernier recours
Le but de la loi reste la promotion de la diversité et de la qualité de l'offre cinématographique et de la création. La loi doit notamment rétablir l'équilibre entre les petites et les grosses productions. Mais les entreprises de distribution et de projection veilleront elles-mêmes à garantir ces objectifs.
Le gouvernement pourra prendre position. Il ne pourra pas intervenir directement. C'est seulement en dernier recours qu'il introduira une taxe de deux francs par entrée au maximum, si la diversité et la qualité ne sont plus assurées.
Vraiment efficace?
«La loi permet de rêver à un peu plus d'argent pour le cinéma suisse, commente Frédéric Maire, journaliste et réalisateur. La production va s'améliorer. On pourra faire plus de films suisses. Là, il y aura un changement. Pas sur la diffusion. Parce qu'il faut d'abord changer la production.»
Autrement dit, il faut faire mieux... «Le public suisse a la possibilité de voir des films suisses, précise Frédéric Maire. Mais il n'y va pas. Ou pas assez. Ce n'est pas la faute du public, ni des distributeurs, ni des exploitants... Il faut tout simplement améliorer la production.»
L'exemple belge
«La Belgique francophone est assez similaire à la Suisse, poursuit Frédéric Maire. Et c'est lorsque des films ont cartonné - comme 'Toto le Héros' par exemple - que le public belge s'est à nouveau intéressé à son propre cinéma.»
La loi sur le cinéma va dans ce sens en introduisant définitivement le système de l'aide financière liée au succès des films.
La liberté du spectateur
Même s'il est né d'un compromis, le nouveau texte a une fois encore été critiqué par une minorité, ce jeudi, au Conseil des Etats. Selon eux, la loi permettra de dicter aux spectateurs quels films ils doivent voir. Et de leur infliger une amende (la taxe) s'ils font un mauvais choix.
«C'est tout le contraire», répond Ruth Dreifuss. Avec la loi, les spectateurs ne seront pas obligés de consommer uniquement des grandes productions américaines. L'offre sera plus diversifiée, selon la conseillère fédérale.
Finalement, le Conseil des Etats a donc adopté la loi sur le cinéma par 27 voix contre trois. Le National doit encore se prononcer.
Alexandra Richard

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