En un siècle, les températures annuelles de la Suisse ont augmenté de 1,5 degré. C'est deux fois plus que le réchauffement moyen enregistré pour l'ensemble de la planète. Les scientifiques craignent que cette situation n'entraîne une multiplication des catastrophes naturelles et une modification de l'écosystème des régions alpines.

Des températures comprises entre 10 et 14 degrés, et qui peuvent grimper jusqu'à 18 degrés dans les vallées balayées par le foehn. En Suisse, ces jours-ci, l'ambiance est quasi printanière.

Certes, ces valeurs restent surprenantes pour un mois de février. Mais, selon météoSuisse, elles ne son pas exceptionnelles. Au cours des hivers de 1993 et de 1998, par exemple, la Suisse a enregistré des records de températures du même ordre.

D'ailleurs, la douceur d'un hiver n'a rien d'exceptionnel non plus. A en croire les statistiques météorologiques de la Suisse, l'hiver de 1833-1834 a été le plus chaud jamais enregistré en près de deux siècles et demi.

Cela dit, les scientifiques ne cachent pas leur inquiétude. En effet, depuis 20 ans, la Suisse enregistre une hausse constante de sa température moyenne. «Et ce réchauffement est plus particulièrement marqué en hiver, signale Martine Rebetez, climatologue à l'Institut fédéral de recherches forêts, neige et paysage (WSL). Durant les mois d'hiver la hausse moyenne est de 2% alors qu'elle se limite à 1,5% durant l'été.»

Des chiffres qui, malgré leur apparente petitesse, font frémir les scientifiques. D'autant que «la tendance s'est nettement accélérée au cours de ces dix dernières années», renchérit Martin Beniston, professeur à l'Université de Fribourg.

Les climatologues estiment que cette douceur hivernale est directement influencée par la modification des pressions enregistrée dans la zone Atlantique. «Désormais, explique Martine Rebetez, les masses d'air qui parviennent dans les régions alpines proviennent fréquemment du sud-ouest. Quant aux vents en provenance du Nord ou de la Sibérie, ils se sont raréfiés.»

Selon les spécialistes, la diminution de ces passages d'air froid risque bien d'entraîner de sérieux changements climatiques et environnementaux dans les régions alpines.

«Le recul des glaciers témoigne clairement de la transformation en cours, souligne Martin Beniston. D'ailleurs, le phénomène n'a cessé de s'accélérer depuis 20 ans.» Et le climatologue de rappeler que 10 % des glaciers ont déjà disparu durant le XXe siècle.

Plus pernicieux. Le réchauffement des températures entraîne indirectement une augmentation des précipitations et, en conséquence, des catastrophes naturelles qui y sont liées. Avalanches, inondations, glissement de terrain et autres désordres du même type risquent donc de se multiplier.

«Inversement, on constate également une recrudescence des périodes de sécheresse, ajoute Martine Rebetez. Les régions du Tessin, et la plaine du Rhône sont particulièrement touchées et l'on craint une profonde mutation de leur écosystème.» Les pinèdes du Haut Valais semblent tout particulièrement souffrir de ce manque d'eau. Une situation qui entraîne aussi une inquiétante augmentation des incendies de forêts.

Bref, la multiplication et l'ampleur des catastrophes naturelles qui touchent la Suisse ne semble pas être le fruit du hasard. Dans ce contexte, on peut craindre de nouveaux ouragans du genre Lothar.

«On sait que le réchauffement de l'eau est une condition sine qua non à la formation des ouragans, affirme Martine Rebetez. Or, la température de l'Atlantique ne cesse d'augmenter.»

Une crainte partagée par de nombreux experts internationaux qui nous annoncent un XXIe siècle caniculaire et catastrophique.


Vanda Janka

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