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Pourquoi la méthode Blocher fait recette

La presse se fait l’écho quasi quotidiennement des déclarations ou des coups de force de Christoph Blocher. Ils sèment la discorde au sein des partis gouvernementaux, y compris l’UDC. Ils continuent toutefois de séduire près d'un Suisse sur quatre.

Ce contenu a été publié le 04 avril 2000 minutes

La presse se fait l’écho quasi quotidiennement des déclarations ou des coups de force de Christoph Blocher. Ces provocations sèment la discorde au sein des partis gouvernementaux, y compris l’UDC. Elles continuent toutefois de séduire près d’un Suisse sur quatre.

La croisade antisocialiste de Christoph Blocher n’est, pour certains, qu’une manoeuvre de plus pour faire sauter le Conseil fédéral en provoquant le départ des socialistes ou de l’Union démocratique du centre. Or, les autres partis, comme du reste l’aile modérée de l’UDC en voie d’éjection, peinent à trouver une parade au succès de la recette Blocher: la défense de l’identité et la critique de l’Etat social.

Une étude en cours sur les élections fédérales de 1999 pour le Fonds national de la recherche scientifique montre que l’UDC a engrangé un quart des suffrages grâce à sa «position très marquée contre l’ouverture de la Suisse au monde et sa défense acharnée des traditions». La chute du communisme et la globalisation ont accentué le clivage économique classique gauche-droite en y greffant cet autre conflit opposant les partisans de l’ouverture et de la réforme des institutions aux adeptes du repli.

Comment expliquer ce paradoxe? Pour Romain Lachat, l’un des auteurs, «l’UDC a une large clientèle: retraités, indépendants, ouvriers en rupture avec la gauche, cadres supérieurs. Mais ses récentes attaques contre l'AVS n'ont pas fait réagir ceux qui pourraient être concernés, car ils adhèrent avant tout à sa politique culturelle de défense de l'identité».

Pour l’historien Hans-Ulrich Jost, «les partisans de Christoph Blocher voient, avant tout, l’homme qui a réussi. Ils n’entendent pas son message antisocial mais s’identifient à ses valeurs démagogiques: la xénophobie et la critique de la classe politique en général et de la démocratie en particulier. Ils fonctionnent au niveau des tripes».

Cette contradiction toute apparente se retrouve du reste dans d’autres pays en Europe, aujourd’hui et à d'autres moments de l'histoire de ce siècle: d’autres partis populistes défendent, à la fois, la nationalité et le credo néolibéral. En Suisse, l’UDC est le seul à le faire avec autant de clarté et, selon H.-U. Jost, «ça marche».

Isabelle Eichenberger

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