Pourquoi il fait bon vivre en Suisse
Zurich, Genève et Berne sont parmi les dix villes les plus agréables du monde. Car elles offrent les avantages de la vie urbaine ...à dimensions humaines.
Selon l'enquête annuelle réalisée par la société de conseil en ressources humaines William H. Mercer, sur 215 villes recensées, Zurich, Vienne et Vancouver bénéficient de la meilleure qualité de vie au monde. Pour sa part Genève partage la 4e place avec Sydney, et Berne pointe en 10e position ex aequo avec Munich.
Les 39 critères retenus obéissent à des considérations portant sur la qualité de l'environnement politique, social, économique, socioculturel et sanitaire. Tout cela sans oublier les questions liées à la sécurité, l'environnement, l'éducation, les services publics et les transports, les loisirs, le logement ainsi que l'offre de consommation.
Moins peuplées et moins de trafic
On ne s'étonnera peut-être pas que huit villes européennes figurent parmi les mieux notées mais que, parmi celles-ci, on trouve trois villes suisses. Pour Slagin Parakatil, cet excellent score s'explique facilement.
«En comparaison avec Londres ou Paris, les villes suisses présentent autant d'avantages. En outre, elles sont moins peuplées et comportent donc moins de problème de trafic, de pollution ou de sécurité, même si l'offre culturelle y est moins importante», explique ce chercheur chez William M. Mercer à Genève.
Michel Bassand, professeur au Département d'architecture de l'EPFL à Lausanne, n'est pas surpris: «Les agglomérations suisses offrent une grande qualité urbaine intrinsèque étant donné la petitesse du pays, le rythme de croissance modéré des villes, la richesse de la Suisse, la décentralisation politique et économique.»
Une agglomération riche sur le plan culturel
Si Zurich vient en tête, c'est peut-être parce qu'elle est la plus grande agglomération (1,3 million d'habitants) et surtout la plus riche, notamment sur le plan culturel.
Carlo Bernasconi, écrivain et journaliste vivant à Zurich, le confirme. «Nous avons, dit-il, tous les avantages et services de la grande ville avec un haut niveau culturel qui attire notamment la jeunesse».
Par exemple, la municipalité a fait un gros effort avec la construction du «Schiffbau», un théâtre construit dans un quartier industriel désaffecté, avec des logements, qui attire une population jeune et branchée.
Président d'Urbaplan, société d'urbanisme lausannoise, Fred Wenger relève surtout l'intérêt de la «forme d'organisation urbaine de type métropolitain composée d'un ensemble de pôles» que l'on trouve en Suisse. «Par exemple, dans la région zurichoise, les avantages sont les mêmes à Winterthur qu'à Zurich ou Dietikon.»
Pour Fred Wenger, «c'est le réseau en tant que tel qui est intéressant à l'échelle suisse avec la proximité qu'il propose avec la campagne, tout en restant intégré à des modes de fonctionnement urbains. Vous êtes un urbain et vous habitez à la campagne».
On relèvera également que les trois villes suisses mentionnées comptent chacune un aéroport et de grandes facilités de communication.
A l'Office fédéral du développement territorial, Fred Baumgartner (chef de section Urbanisation et paysage), relève également que la Suisse présente beaucoup d'avantages en raison de sa densité et de la qualité de cette densité, de la sécurité et de la proximité des lieux de loisirs.
Genève comme Zurich se targuent d'une magnifique situation au bord d'un lac dont le pourtour est de plus en plus largement accessible au public.
Le résultat de politiques fiscales
Cette étude confirme la tendance dessinée récemment par l'Association Métropole Suisse. Ce groupe d'experts a relevé que la réalité urbaine suisse avait changé ces vingt dernières années.
La Suisse ne compte plus que neuf villes au lieu de cent dans les années soixante. Le pays compte désormais une dizaine d'agglomérations - regroupant 70% de la population - dont 5 à 6 pôles urbains tels que, précisément Zurich, Berne, Bâle, Genève, Lausanne et Lugano.
Tout cela signifie-t-il que la ville connaît un regain d'attrait? Réponse de Fred Baumgartner: «Nous constatons que la population des villes est en stagnation, sinon en augmentation, après une longue période de diminution. C'est le résultat de politiques fiscales, par exemple à Berne, qui ont pour conséquence que les famille et les jeunes reviennent en ville ou y restent.»
Fred Wenger n'est pas aussi affirmatif. Mais il relève que les difficultés du trafic rendent peut-être la vie en ville plus attrayante. «De même, on assiste à des regroupements familiaux en ville, probablement en raison de la crise du logement.»
La tendance va peut-être se confirmer, à moins que, comme certains le prédisent, la Suisse ne devienne un jour une seule et unique agglomération?
swissinfo/Isabelle Eichenberger

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