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Pour Carla Del Ponte, «une défaite totale»

Carla Del Ponte ors de la conférence de presse donnée ce dimanche à La Haye. Keystone

La mort de Milosevic, à quelques mois avant son procès, affecte profondément la procureure générale du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.

Ce contenu a été publié le 13 mars 2006 - 08:46

Pour la Suissesse, qui n'exclut pas l'hypothèse du suicide, cet événement rend «plus urgente que jamais» la capture de Radovan Karadzic et Ratko Mladic.

«Je suis furieuse», a déclaré la procureure générale du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) dimanche dans le journal italien «La Repubblica».

«En un instant, tout a été perdu... La mort de Slobodan Milosevic représente pour moi une défaite totale», a ajouté Carla del Ponte.

Tard dimanche soir, le TPIY a annoncé que Slobodan Milosevic a succombé à un infarctus du myocarde, tout en précisant que des examens toxicologiques se poursuivaient.

Autopsie faite de manière professionnelle

Les conclusions communiquées par le Tribunal sont basées sur un rapport préliminaire de l'autopsie de Milosevic réalisée par des médecins légistes néerlandais en présence de collègues serbes. Ils ont déterminé que Milosevic, qui souffrait hypertension, présentait aussi deux affections cardiaques qui pourraient expliquer l'infarctus.

Une délégation serbe, le Conseil national pour la coopération avec le TPIY, a déclaré dans un communiqué que l'autopsie avait été pratiquée de manière très professionnelle. Par ailleurs, le TPIY a précisé que la dépouille de Slobodan Milosevic serait remise lundi à sa famille.

Le rapport final d'autopsie de Milosevic pourrait prendre plus d'un jour, a déclaré une porte-parole du TPIY, ajoutant que Carla del Ponte ne ferait aucun commentaire sur le sujet avant la publication du rapport final.

Combattivité intacte

Pourtant, la combativité de la magistrate suisse reste intacte. A La Haye, à l'occasion d'une conférence de presse, elle a estimé dimanche que la mort de l'ancien président yougoslave avant la fin de son procès privait les victimes de justice et rendait «plus urgente que jamais» la capture de Radovan Karadzic et Ratko Mladic.

«Il est très dommage pour la justice que le procès ne puisse aller à son terme et qu'aucun verdict ne soit rendu», a-t-elle déclaré. Sa mort «prive les victimes de la justice dont elles avaient besoin et qu'elles méritaient».

Radovan Karadzic est l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie et Ratko Mladic l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie. Tout comme Milosevic, ils ont été inculpés de génocide par le TPIY pour le massacre des musulmans de l'enclave de Srebrenica en juillet 1995.

«Il faut que je les aie», a lancé Carla Del Ponte dimanche soir sur les ondes de la Radio suisse romande en évoquant le cas des deux hommes.

Mort naturelle ou suicide

Dans l'interview de «La Repubblica», Carla Del Ponte déclarait encore: «Il pourrait nous avoir lancé son ultime défi. Et s'il s'était suicidé?»

Dans le quotidien italien Mme De Ponte estimait qu'«il est étrange, bien que naturellement possible, qu'il soit mort à l'improviste sans que les médecins se soient rendus compte d'une brusque aggravation de son état de santé».

«Nous devons à présent attendre les résultats de l'autopsie, mais nous n'avons pas d'autre choix qu'une mort naturelle ou un suicide», avait-elle encore déclaré lors de la conférence de presse de dimanche.

Et de rappeler qu'il y a une semaine, l'ex-chef des Serbes de Croatie Milan Babic s'était suicidé dans sa cellule et qu'il y avait déjà eu d'autres suicides au centre de détention des Nations Unies à La Haye.

Le président du TPIY, Fausto Pocar, a par ailleurs déclaré qu'une enquête interne serait menée par le vice-président du tribunal, le juge australien Kevin Parker.

swissinfo et les agences

Faits

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a été établi en vertu de la Résolution 827 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Cette Résolution a été adoptée le 25 mai 1993, en réponse à la menace pour la paix et la sécurité internationale représentées par les violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l'ex-Yougoslavie depuis 1991.
Le TPIY est situé à La Haye, Pays-Bas.
La Suissesse Carla Del Ponte en est le procureur général.

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En bref

- L'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic est mort samedi en détention à La Haye.

- Agé de 64 ans, il souffrait de problèmes cardiaques et d'hypertension artérielle.

- Il comparaissait depuis le 12 février 2002 pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre civile qui a déchiré la Yougoslavie au début des années 1990.

- Son procès venait d'entrer dans sa 5e année.

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