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Une taxe pour juguler les coûts de la santé

Les protestations n'y ont rien fait: mercredi le gouvernement s'est rallié à la proposition du ministre de l'Intérieur Pascal Couchepin (notamment en charge de la Santé) d'introduire pour les patients une taxe de consultation de 30 francs. Autre mesure peu populaire: le blocage des franchises d'assurance maladie pendant deux ans au moins. Les réactions sont presque unanimement négatives.

Ce contenu a été publié le 06 mai 2009 minutes

Le Conseil fédéral a donc entériné le paquet de propositions présenté aux acteurs de la santé le 21 avril par le ministre pour freiner l'augmentation des coûts.

En principe dès janvier, les patients (à l'exception des moins de 18 ans et des femmes enceintes) devraient payer de leur poche une taxe de 30 francs pour chacune de leurs six premières visites chez le médecin, en cabinet ou à l'hôpital. Cette contribution ne serait plus perçue dès la septième consultation, afin de ne pas pénaliser les malades chroniques.

Pour adoucir la pilule, le gouvernement a prévu d'obliger toutes les caisses maladie à mettre sur pied un service de conseil téléphonique disponible 24 heures sur 24. Les assurés pourraient ainsi bénéficier d'une consultation gratuite avant de décider de se rendre chez un praticien.

Le Conseil fédéral veut aussi agir dans le domaine des franchises. Alors que la gauche propose de supprimer les plus élevées, il suggère pour sa part de bloquer les contrats pendant deux ans au moins pour les personnes qui choisissent une franchise entre 450 et 2500 francs, avec à la clé un rabais de primes. La franchise de base fixée à 300 francs ne serait pas concernée.

Cette restriction vise à empêcher les assurés de jouer au yoyo chaque année. Ce procédé porte atteinte au principe de solidarité, a justifié le ministre.

Celui-ci est bien décidé à mener cette réforme au pas de charge. Il a promis que les points en suspens recevront une réponse dans le message au Parlement qu'il compte présenter le 29 mai. Une consultation express est prévue entretemps, avec une rencontre ce lundi 11 mai avec les milieux concernés.

Mis à part au Parti libéral-radical (droite), parti de Pascal Couchepin, ces mesures ne suscitent guère que de l'incompréhension, voire un tollé.

Jacques de Haller, président de la Fédération des médecins suisses juge pour le moins «inadéquate» la taxe de 30 francs par consultation, qualifiée de «dinosaure administratif» et de «barrière dans l'accès aux soins» pour les personnes à revenu modeste.

H+, association faîtière des hôpitaux juge les mesures pas convaincantes et leurs effets sur les primes et les coûts «très douteux», évoquant les expériences négatives faites avec la taxe par consultation en Allemagne et en Autriche.

Pour la Fondation alémanique de protection des consommateurs, les décisions présentées par Pascal Couchepin sont unilatéralement à la charge des assurés.

Les partis politiques ne sont guère plus emballés. Le PS juge les mesures «pas particulièrement frappées au coin du bon sens» et critique la consultation «folklorique» de quelques jours. L'UDC (droite conservatrice) a quant à elle décidé de renoncer à prendre position et ne participera pas à la réunion prévue lundi.

Pour le démocrates-chrétiens enfin, «la montagne a accouché d'une souris».

swissinfo.ch et les agences

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