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Didier Burkhalter, «politicien timide» ou «superdiplomate»?

Après huit ans au gouvernement, Didier Burkhalter a décidé de quitter son siège. Keystone

Pas vraiment de concert de louanges dans la presse suisse après l’annonce de la démission de Didier Burkhalter. Le ministre des affaires étrangères, est souvent décrit comme «effacé», plus d’ailleurs sur la scène intérieure qu’à l’international.

Ce contenu a été publié le 15 juin 2017 - 10:11

«Didier Burkhalter a-t-il vraiment eu envie de devenir conseiller fédéral?, se demande ‘Le Temps’. Probablement pas. En 2009, après l’annonce de la démission de Pascal Couchepin, il a hésité, il a beaucoup hésité, il a même renoncé avant de changer d’avis».

La phrase donne le ton de pas mal de commentaires sur la personnalité du ministre démissionnaire. Le tabloïd alémanique ‘Blick’ va jusqu’à titrer «Didier comment?», alors que la ‘Basler Zeitung’ parle d'un «timide homme d'Etat».

«Le paradoxe, écrit le ‘Bund’ de Berne, c’est qu’il aura fait de la politique pendant trente ans, alors qu’il est tout sauf un politicien pur sucre. Il n'aime pas se battre pour une cause, il n'aime pas expliquer cent fois les mêmes choses».

Et ‘La Tribune de Genève’ d’en remettre une couche: «Pourquoi donc ce conseiller fédéral, déjà effacé, s’efface-t-il?»

Pour le quotidien vaudois ‘24 heures’, «le Neuchâtelois n’a rien du leader flamboyant, lui qui a construit sa longue et fructueuse carrière politique sur son adéquation de caméléon avec la lettre et l’esprit des lois de ce pays. Sa retenue naturelle l’a confiné à une expression plus gestionnaire qu’audacieuse des affaires publiques».


«Superdiplomate»?

Un peu à contre-courant, le tabloïd romand ‘Le Matin’ fait l’éloge d’un «superdiplomate qui a pris des couleurs au fil des ans» et dont la principale qualité aura été de «ne pas tricher avec ses convictions». Plus timides, ‘L'Express’ et ‘L'Impartial’, les quotidiens de son canton de Neuchâtel, louent «un homme au service du collectif».

Côté bilan, ‘24 heures’ rappelle que le chef de la diplomatie suisse avait eu «son heure de gloire» à la faveur de sa double présidence de la Confédération et de l’OSCE en 2014, en plein conflit russo-ukrainien.

Oui mais, souligne ‘Le Temps’, cette année 2014 «restera celle de tous les contrastes». Car tandis que son rôle à l’OSCE a «permis à la Suisse d’exercer avec succès son rôle de médiatrice et de pacificatrice», 2014 a aussi été l’année de l’adoption de l’initiative de l’UDC (droite conservatrice) contre l’immigration de masse, «et l’on a le sentiment qu’il ne s’en est jamais remis».

Juges étrangers et dossier européen

Et ce d’autant qu’à ce moment, Didier Burkhalter «était déjà en délicatesse avec son projet d’accord institutionnel entre Berne et Bruxelles, qui faisait de la Cour de justice de l’UE l’instance d’arbitrage des différends. Il n’en fallut pas davantage pour déclencher la guerre des juges étrangers, concrétisée dans une nouvelle initiative de l’UDC», rappelle le quotidien romand.

«Didier Burkhalter, le diplomate solitaire, écrit pour sa part la ‘Neue Zürcher Zeitung’. C'est comme si ce passionné de football avait joué dans deux ligues simultanément. En première ligue, il y a la star de la diplomatie, celui que les médias ont imaginé comme potentiel successeur de Ban Ki-moon à l'ONU. Mais en deuxième ligue, il y a le conseiller fédéral Burkhalter qui subit la guerre des tranchées au gouvernement, le tir de barrage des médias et l'opposition de son propre parti».

«Le dossier européen va bien, merci Didier Burkhalter», estime pour sa part le quotidien économique romand ‘L'Agefi’, par la plume de son rédacteur en chef Fathi Derder, également député et collègue de parti du ministre démissionnaire. Pour lui, le libéral-radical «ne démissionne pas à cause d'une impasse. Car le dossier européen n'est pas dans l'impasse, en fait. Nos relations avec Bruxelles vont bien. Nous négocions, c'est tout. Pour défendre, notamment, l'intérêt d'entreprises suisses qui ont besoin d'un marché européen accessible et ouvert. Et vous savez quoi? Ça marche bien».

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Et maintenant?

«Aujourd'hui, la question n'est pas de savoir pourquoi il démissionne. Mais comment trouver la personne qui maintienne, avec le même pragmatisme, un dialogue constructif avec les institutions européennes», poursuit ‘L’Agefi’.

Moins enthousiasmé par la gestion du dossier européen, le ‘Tages-Anzeiger’ de Zurich estime que le successeur de Didier Burkhalter, «doit faire preuve de plus de sens politique, donner une vision de la politique étrangère en Suisse, savoir communiquer et enthousiasmer».

L’heure du Tessin

Si des noms circulent pour la succession, le ‘Blick’, présente déjà, comme à son habitude, une «exigence: et maintenant un Tessinois!». Didier Burkhalter est un des deux représentants de la minorité latine dans le collège de sept membres, et de nombreuses voix s’élèvent pour que ce siège revienne aux italophones, absents du gouvernement depuis 18 ans.

«Comme personne aujourd’hui ne s’impose au parti libéral-radical, le parlement doit privilégier une région: le Tessin. La Suisse vit de sa diversité. Le Tessin est une petite, mais une belle partie de notre pays – intégrons ce magnifique canton», plaide le journal.

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