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Opinion

Des services publics chers et plus aussi fiables

Les services publics suisses sont de plus en plus chers, mais leur qualité s’érode constamment. C’est la raison pour laquelle l’initiative «Pro service public» est indispensable, estime Peter Salvisberg, membre du comité d’initiative.

Ce contenu a été publié le 22 avril 2016
Peter Salvisberg, membre du comité d'initiative

Un Suisse de l’étranger qui revient dans sa patrie pourrait être surpris: pour un billet de 2e classe aller-retour de Zurich à Berne, les CFF réclament actuellement 100 francs, soit plus du double qu’en 1990. En même temps, le service baisse: guichets fermés, manque de place assises, wagons sales et diminution du personnel d’accompagnement. 

Point de vue

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Mais l’expatrié qui revient visiter la Suisse pourra aussi constater que le bureau de poste de sa commune d’origine est fermé. Au cours des 15 dernières années, 1800 bureaux de poste ont fermé – soit plus de la moitié. Les prix pour envoyer un petit paquet à l’intérieur du pays sont extrêmement élevés. En contrepartie, La Poste a réalisé des bénéfices gigantesques: 4,9 milliards de francs au total au cours des cinq dernières années. 

Il faut aussi beaucoup débourser pour la  téléphonie. Certes, Swisscom est à la pointe mondiale en matière de réseau et de qualité, mais aussi, hélas, en matière de coûts. C’est ainsi que ses bénéfices ont atteint un total de 7,7 milliards de francs pour les années 2010 à 2014. 

Les CFF, La Poste et Swisscom appartiennent au peuple suisse, pas aux managers! 

C’est nous les Suisses et ceux qui nous visitent qui payons les milliards de bénéfices de La Poste, des CFF et de Swisscom. Mais cela pourrait changer avec l’initiative Pro service public. Celle-ci exige un service de base pour toutes les régions du pays: un service qui passe avant les bénéfices! La Poste, les CFF et autres Swisscom doivent offrir un service à des prix raisonnables plutôt que de viser un bénéfice maximal. 

Stop aux salaires abusifs! 

Peter Salvisberg est membre de la direction de la société Konsumenteninfo, qui édite les différents magazines de consommateurs, et il fait partie du comité d’initiative «Pro service public». Il a aussi été journaliste pour DRS et rédacteur en chef de swissinfo.ch. Fils de Suisses de l’étranger, il est né à Lima, au Pérou. zVg

Par ailleurs, l’initiative lutte contre la mentalité de gains indécents dans les échelons supérieurs des établissements fédéraux: le patron de Swisscom a obtenu 1,832 million de francs l’an dernier, celui des CFF 1,046 million et celui de La Poste 985'000 francs. L’initiative demande que les managers des entreprises fédérales ne gagnent pas plus qu’un conseiller fédéral (ministre), soit 475'000 francs.

Il est aujourd’hui prouvé que les prestations d’un manager ne deviennent pas meilleures lorsque ses gains augmentent. Au contraire, on provoque ainsi de mauvaises stimulations: les managers se focalisent uniquement sur les bénéfices – en raison des bonus – et le service aux clients les intéresse moins. Les prédécesseurs des dirigeants actuels de Swisscom, de La Poste et des CFF gagnaient plusieurs centaines de milliers de francs de moins par an, mais ils fournissaient un meilleur service à leurs clients. 

Le mensonge des subventions croisées 

Les opposants à cette initiative répandent de l’inquiétude avec des mensonges. Ils affirment que le service de base serait affaibli. Idiotie! Il est évident que les subventionnements croisés sont possibles et nécessaires au sein des CFF, de La Poste et de Swisscom! Par exemple, les lignes peu rentables des cars postaux sont subventionnées par celles qui le sont. Cette solidarité représente bel et bien l’essence même du service public, mais l’initiative réclame de la transparence sur les coûts et les prestations. Ce que la classe politique veut par tous les moyens éviter. Professeur de droit constitutionnel réputé, Rainer Schweizer a récemment fait la lumièreLien externe sur ces mensonges concernant les subventionnements croisés. 

Collusion d’intérêts de la politique 

Le Conseil fédéral et le Parlement sont unis contre l’initiative. 

Ce genre d’uniformité est toujours suspect. La collusion d’intérêts entre ces entreprises et la politique est extrême. Il y a là de bons jobs à se répartir, beaucoup d’argent de sponsors, des contrats… et pour les parlementaires, il y aussi un abonnement général CFF gratuit de 1re classe. Il n’est dès lors pas étonnant que les augmentations de prix des CFF ne gênent personne au Palais fédéral. C’est en raison de cette collusion d’intérêts que nous, les initiants, n’avons pas recherché de soutien. Nous ne sommes pas de gauche, nous ne sommes pas de droite, nous sommes critiques! Le système politique a assisté passivement au démantèlement du service public – il est temps de changer complètement de cap avec un OUI à l’initiative.


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