Plus investir dans la matière grise
La Suisse doit accentuer son effort financier pour rester une puissance scientifique. Tel est le credo livré par Pascal Couchepin et Ruth Dreifuss.
La Confédération n'investit pas assez dans la matière grise. Telle est l'opinion des deux ministres, qui proposent d'augmenter de 6,5% les crédits à la formation, à la recherche et à la technologie pour la période 2004-2007. Une hausse nécessaire malgré les mesures de frein à l'endettement prises par la Confédération.
Il en va, ont expliqué jeudi Pascal Couchepin et Ruth Dreifuss, de la place de la Suisse en matière scientifique, mais aussi de la santé des ses entreprises. Le danger guette: les crédits stagnent, alors que le nombre d'étudiants augmente de 1% par an.
La cheffe du Département fédéral de l'Intérieur a ainsi relevé que les contributions accordées à la formation et la recherche avaient diminué de près de 0,7% au cours des années 90. Elles ne représentent plus que 0,7% des dépenses fédérales.
Stagnation des dépenses
«En termes réels, nous sommes retombés en l'an 2000 au niveau de 1988», a précisé le ministre de l'Economie. Par contre, durant cette même période, un pays comme la Finlande a augmenté de 50% son soutien public à la recherche et au développement.
Les inquiétudes des scientifiques trouvent donc un écho du côté du gouvernement. En novembre dernier, une cinquantaine de personnalités avait en effet publié, sous l'égide du Conseil suisse de la science et de la technologie, un Manifeste pour la place scientifique suisse.
Les scientifiques s'alarment
«Notre avance sur les autres est en train de disparaître», s'alarmait ce texte, en réclamant une augmentation des budgets. En arrivant à cette conclusion : «Ou bien nous saurons donner un élan nouveau à notre enseignement et à notre recherche (...). Ou bien nous déclinerons et nous serons lentement marginalisés».
Mais au-delà de la profession de foi de Ruth Dreifuss et Pascal Couchepin, les mesures envisagée sont-elle suffisantes? En particulier l'augmentation de 6,5% des crédits fédéraux? C'est un minimum dit-on du côté de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, où l'on souligne que le financement par étudiant a diminué, en 10 ans, de plus de 30%.
Un compromis
«Nous pourrions nous contenter de cette augmentation de 6,5%, car toutes les décisions politiques sont finalement un compromis entre ce qui souhaitable et ce qui est possible», note pour sa part Gottfried Schatz, président du Conseil suisse de la science et de la technologie, l'un des auteurs du Manifeste qui exigeait 10 % d'augmentation.
Et il poursuit : «Nous voulons seulement souligner très clairement qu'une nouvelle diminution, en-dessous de 6,5%, signifierait en fin de compte que la Suisse ferait du sur-place et perdrait au moins 4 ans.»
swissinfo/Pierre Gobet avec les agences

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