Patrick Boillat, les yeux, les oreilles et la tête
Responsable technique de toutes les projections locarnaises, cet homme clé est aussi le concepteur du nouveau «Spazio/Cinema». Rencontre.
Patrick Boillat travaille pour le Festival de Locarno depuis quatorze ans. Homme de l'ombre? Oui quant à sa discrétion. Non quant à son travail: la lumière sur les écrans, c'est lui.
«A partir d'un moment où une image est projetée et un son restitué, j'en suis, avec mes collaborateurs, responsable», dit-il sobrement. Et les collaborateurs sont une quarantaine.
Avant le festival, son travail consiste à «planifier des innovations, éventuellement inciter la présidence à apporter quelques accents sur les projections, moderniser certains appareillages.»
Et pendant? «Là, c'est plutôt un rôle de conseiller psychologique pour les réalisateurs, qui sont angoissés de voir leur film passer sur la Piazza Grande. Humainement, c'est donc plus intéressant pendant le festival».
La modernité de la Piazza
C'est en 1971 que la Piazza Grande connaît ses premières projections. «A l'époque, c'était quelque chose d'assez simple: une entrée, un écran, une cabine de projection faite alors de deux piscines», précise Patrick Boillat.
Mais les temps ont changé, et les exigences techniques en matière de projection ont été sérieusement revues à la hausse. D'où l'appel fait à Patrick Boillat, qui, depuis, a totalement réinventé l'ensemble en concevant un système spécifique pour ce lieu unique.
Amélioration du son pour commencer, de la projection ensuite. «C'est devenu un ensemble très cohérent, qui s'est achevé en termes de transformations il y a deux ans», explique-t-il.
Quelques chiffres? L'écran, de 26 mètres sur 14, est situé à 80 mètres de la cabine. Et la Piazza peut accueillir jusqu'à 10 000 personnes environ. De quoi inquiéter certains professionnels, notamment des consultants américains chargés «d'accompagner» une grosse production. Mais après avoir vu le matériel en place, ils sont, paraît-ils, vite rassurés.
"Spazio/Cinema"
La Piazza Grande est le cœur du festival pour les soirées du festival. Mais le jour, le public se déplace en masse vers le 'Fevi', une vaste salle de 3400 places où sont projetés les films en compétition.
Un important second pôle, mais jusque-là isolé, rejeté à la lisière de la ville et assez tristounet pour tout dire. Changement cette année, conçu par Patrick Boillat: dans la zone du 'Fevi' ont été aménagées deux nouvelles salles, reliées par une passerelle de bois, «la Diagonale».
Avec ces trois salles, qui servent également de solution de repli lorsqu'il pleut sur la Piazza Grande, qu'est devenu le projet pharaonique de la 'Rotonda' - on envisageait de recouvrir un vaste rond-point au centre d'un échangeur routier?
Bruit, résonances désagréables, gaz en provenances de la route... «On s'est rendu compte, même si ça n'a jamais été exprimé officiellement, que ça n'apporterait rien», constate Patrick Boillat.
Retour à la «Diagonale»... Le chemin est élégamment ponctué d'un bar, de zones de détente, du «Forum», où se tiennent désormais les rencontres entre le public et les réalisateurs, ainsi que de deux gros cubes dans lesquels ont lieu des projections de video-art.
C'est esthétique, calme et agréable. Non content d'avoir professionnalisé le premier pôle du festival, Patrick Boillat a donné vie au second.
swissinfo/Bernard Léchot à Locarno

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Joignez-vous à la discussion