OMC: comment Berne entend calmer les craintes de ses paysans
Les négociations agricoles dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) avancent. A terme, l'agriculture suisse devra poursuivre sa libéralisation. Mais Berne n'entend pas lâcher ses paysans pour autant.
Les récentes manifestations d'agriculteurs contre les grands distributeurs l'ont une fois de plus montré: nombre de paysans suisses ne veulent plus entendre parler d'une libéralisation accrue de leur secteur.
Pourtant à l'OMC, les gouvernements poursuivent leurs négociations dans le secteur agricole. Ils ont même franchi une étape importante mardi. Les 140 pays membres de l'organisation ont, en effet, approuvé à l'unanimité un programme de travail pour la suite des négociations sur l'agriculture.
«La Suisse comme les autres participants à ces négociations devront faire des concessions en matière d'accès au marché, en matière de diminution des subventions à l'exportation et en matière de subventions internes», avertit Luzius Wasescha, responsable des négociations de l'OMC au secrétariat à l'économie (Seco).
Les risques d'affrontement entre le gouvernement et le monde paysan suisse sont donc loin d'être écartés. Mais Luzius Wasescha tient à souligner les chances qui s'offrent à l'agriculture helvétique.
Premièrement, les signataires de l'accord de mardi ont tous accepté un des piliers de la politique agricole helvétique: la multifonctionnalité de l'agriculture (même si le terme lui-même ne figure pas dans le texte de l'accord).
Ce principe qui permet à Berne de soutenir financièrement les activités non-commerciales de l'agriculteur - comme la protection de l'environnement ou la production respectueuse des principes de précaution sanitaire - séduit en particulier un certain nombre de pays européens, suite aux différentes crises alimentaires qui continuent de sévir.
Luzius Wasescha rappelle également que les organisations paysannes soutiennent le processus de réforme de l'agriculture suisse. «C'est la seule chance d'une survie décente de notre agriculture. Il faut continuer à faire preuve de créativité dans la confection de nos produits et de nos spécialités et créer des entreprises ayant une taille suffisante pour survivre», lance ce vieux routier des négociations commerciales.
Luzius Wasescha rappelle également que les accords bilatéraux négociés avec Bruxelles ont permis une ouverture dans le secteur des fromages: «à nous maintenant d'exploiter cette opportunité».
Frédéric Burnand

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