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Occupation du siège du CICR à Bogota: les victimes de la guerre veulent se faire entendre

L'occupation de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge à Bogota se poursuit, tout comme les négociations entre manifestants et autorités colombiennes. Elle met en lumière le sort des personnes déplacées par la guerre civile.

Ce contenu a été publié le 06 janvier 2000 minutes

L'occupation de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge à Bogota se poursuit, tout comme les négociations entre manifestants et autorités colombiennes. Elle met en lumière le sort des personnes déplacées par la guerre civile. Plus d’un million et demi de Colombiens ont dû fuir leurs terres suite aux nombreux massacres qui ont ponctué la guerre intérieure qui ravage la Colombie depuis 35 ans. Ces personnes déplacées sont, pour la plupart, livrées à la charité publique et vivent dans des camps de fortune.

Si les affrontement entre guérillas et forces gouvernementales remontent à 1964, le phénomène de déplacement massif de populations est plus récent. Il est la conséquence directe des massacres de paysans de plus en plus fréquents depuis huit ans et il se juxtapose à l’exode rural endémique en Amérique latine. Ces tueries et les autres violations des droits de l’homme qui affectent les paysans de Colombie sont le fait de l’ensemble des parties au conflit, que ce soient les deux principales guérillas du pays (FARC et ELN), les troupes gouvernementales ou les paramilitaires.

Selon une source impliquée dans le dossier colombien, les paramilitaires seraient toutefois les principaux responsables de ces massacres, ces deux dernières années. Associés aux propriétaires terriens, parfois d’anciens narcotrafiquants reconvertis dans l’élevage, ils chercheraient par ces tueries et la fuite qu’elles provoquent à reconstituer de vastes domaines, des latifundia démantelés par la réforme agraire.

Fuyant les combats et les exactions, ces réfugiés viennent grossir les rangs des déshérités dans les principales villes du pays. Pour leur venir en aide, le gouvernement colombien a créé un fonds baptisé «Réseau de solidarité sociale». Une aide jugée totalement insuffisante par les personnes qui ont pénétré de force ce mardi dans les locaux du CICR à Bogota.

Le Comité international de la Croix-Rouge a pourtant lancé un programme d’aide aux personnes déplacées. Il concerne près de 150 000 personnes. Le CICR a d’ailleurs déployé depuis 1969 en Colombie l’une de ses plus importantes délégations avec seize bureaux répartis dans tous le pays, une cinquantaine d’expatriés et près de 200 employés locaux. Cette forte délégation tourne avec un budget qui s’élevait à plus de 20 millions de francs suisses en 1999.

Frédéric Burnand.

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