Munition à l'uranium... et au plutonium?
Les munitions à l'uranium appauvri pourraient également contenir du plutonium, substance infiniment plus dangereuse. C'est du moins ce qu'avance un expert de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich. A Spiez, le laboratoire AC confirme et s'interroge.
«J'ai appris par une émission télévisée alémanique que le laboratoire AC de Spiez avait trouvé de l'uranium 236 dans les munitions à l'origine de la polémique actuelle», raconte Richard Brogle de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).
Or, l'uranium 236 n'existe pas dans la nature. Les experts sont donc parvenus à la conclusion que l'uranium utilisé par l'OTAN provenait de centrales nucléaires.
Ces informations ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Car si Richard Brogle écrit pour le journal en ligne de l'EPFZ, il est également ingénieur en chimie.
Et ce scientifique d'expliquer que l'uranium utilisé par les centrales nucléaires produit du plutonium lors de la combustion. Ensuite, les deux matières sont séparées chimiquement. «Mais ce n'est un secret pour personne que, dans de tels processus, il reste pratiquement toujours des traces de plutonium», poursuit Richard Brogle.
La conclusion de cette démonstration fait froid dans le dos: la radioactivité du plutonium est environ 200 000 fois plus importante que celle de l'uranium, et sa radiotoxicité environ un million de fois plus grande.
Du coup, même des quantités infimes de cette matière engendrent de graves problèmes de santé. Les personnes contaminées pourraient ainsi développer de graves tumeurs, notamment aux poumons et aux os.
Richard Brogle met tout de même un bémol à cette démonstration. Ce scientifique souligne qu'il n'est pas encore formellement établi que la présence de plutonium signifie une menace supplémentaire pour les personnes qui ont été en contact avec ces munitions.
Une commission d'experts de l'UNEP, le programme des Nations Unies pour l'environnement, étudie actuellement ce problème. Elle devrait rendre son rapport à la fin de février.
A Spiez, le porte-parole du laboratoire AC Jean-Rodolphe Indermühle confirme la présence d'uranium 236 dans les échantillons ramenés du Kosovo l'an dernier. Il n'est toutefois pas aussi affirmatif que Richard Brogle quant à la présence obligatoire de plutonium dans tous les cas. De toute façon, les quantités mesurées semblent si faibles que le danger pour la santé n'est pas évident à établir.
Il n'empêche: les experts du laboratoire de Spiez continuent à se demander pourquoi l'on a fabriqué des obus avec des déchets de centrales nucléaires (ce qu'atteste à l'évidence la présence d'uranium 236), alors que l'uranium appauvri se trouve partout en abondance.
swissinfo

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