Mondialisation et négociations collectives: les syndicats ont pris du retard
L’évolution récente de l’économie mondiale a fait apparaître un «déficit de représentation» des travailleurs. C’est l’un des constats que pose le dernier rapport du Bureau international du travail. Les syndicalistes suisses n’y sont pas indifférents.
Ce document, rédigé sous la responsabilité du Directeur général du BIT, est le premier d’une série. Cette organisation regroupe les gouvernements, les milieux patronaux et les associations de travailleurs de tous pays. Elle tiendra sa conférence annuelle dès la semaine prochaine à Genève et elle a décidé d’examiner chaque année comment les principaux droits fondamentaux du travail sont appliqués dans la réalité.
Le premier de ces rapports globaux a trait à la liberté d’association et de négociation collective. Il montre du doigt un nombre assez impressionnant de pays où les travailleurs qui tentent de s’organiser font l’objet d’intimidations et de menaces. Au-delà de cet inventaire peu reluisant des violations de la liberté syndicale, le rapport aborde des sujets plus précis à propos desquels la Suisse, qui n’est citée dans aucune page, devrait se sentir concernée.
Qu’en est-il par exemple des travailleurs immigrés? Ont-ils voix au chapitre dans les négociations collectives? Les frontaliers, saisonniers ou détenteurs de permis à l’année ont sans doute un statut plus précaire, constate Jean-Claude Rennwald, vice-président de l’Union syndicale suisse, mais, de manière générale, «au sein du mouvement syndical suisse, les étrangers sont bien intégrés».
A la FTMH, le Syndicat de l’industrie, de la construction et des services, 40 pour cent des membres actifs sont des travailleurs étrangers. On loue leur dynamisme dans les diverses activités syndicales comme dans les commissions d’entreprises.
Le BIT s’interroge aussi sur l’impact de la mondialisation de l’économie. Il note au passage que l’internationalisation de la production, les restructurations d’entreprises, la segmentation des marchés du travail, le recours croissant à la sous-traitance et au travail à temps partiel rendent toujours plus difficile l’organisation des travailleurs et réduisent le champ des négociations collectives.
Dans ce domaine, reconnaît Jean-Claude Rennwald, les syndicalistes doivent faire leur autocritique, ils ont pris du retard sur les employeurs qui, eux, savent s’organiser à l’échelle internationale: «Beaucoup de syndicats ont encore trop tendance à raisonner en termes nationaux, cela freine l’arrivée des bonnes réponses aux questions que pose la mondialisation de l’économie. Seuls des syndicats forts et travaillant à l'échelle internationale permettront de relever ces défis.»
Bernard Weissbrodt

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