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Mauvaise passe pour l'industrie des machines

La direction de Tornos confirme sa décision de licencier 310 emploés. Keystone

Toute une région tremble pour Tornos. Outre les difficultés du fabricant de Moutier, c'est tout le secteur qui souffre de la mauvaise conjoncture.

Ce contenu a été publié le 07 juin 2002 minutes

Septembre 2001, cela vous dit quelque chose? C'est à partir de cette date, avance Tornos, que la demande s'est effondrée, débouchant sur une perte de 30 millions de francs suisses sur l'ensemble de l'année. Et la restructuration annoncée jeudi.

Au-delà du cas du groupe basé à Moutier, c'est l'ensemble du secteur des machines - très dépendant du marché mondial - qui a subi de plein fouet le ralentissement conjoncturel global.

Les chiffres publiés il y a une quinzaine de jours par Swissmem, qui regroupe l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, viennent malheureusement le confirmer.

Tornos un cas spécial

Durant les trois premiers mois de cette année, les entrées de commandes ont reculé de 22% par rapport à la même période de 2001. Pour le chiffre de d'affaire, le recul est de 15%. Et il est particulièrement marqué à l'étranger (moins 17,2%).

Il faut dire qu'à une conjoncture difficile s'ajoute, pour ce secteur qui exporte les trois quarts de sa production, le problème du franc suisse. «Autour de 1,46 pour un euro, le cours du franc est trop fort pour notre industrie», explique Dorothea Tiefenauer, la porte-parole de Swissmem.

Dans ces conditions, faut-il s'attendre à d'autres restructurations, après celle de Tornos. «Non, répond Patrick Huber, analyste à la banque Darier Hentsch. Je crois que Tornos est un cas spécial.»

«La plupart des autres sociétés ont déjà procédé à des restructurations, en réduisant leurs capacités et en s'adaptant à une demande faible. Je ne m'attends pas à une situation aussi dramatique, presque une faillite.»

Les entreprises suisses ont travaillé sur leur efficacité. En outre, ajoute Patrick Huber, «elles n'ont pas diminué leurs dépenses en recherche et développement, elles ont de nouveaux produits.»

Un effet-retard

Elles seront donc bien placées, au moment de la reprise. Reste à savoir quand cela se produira. «On l'attend seulement vers la fin de l'année, en novembre ou décembre», note Dorothea Tienfenauer.

«On a des signes qui viennent des Etats-Unis, mais on n'est pas sûr que cela va reprendre tout de suite», ajoute t-elle, en admettant que 2002 sera difficile.

Patrick Huber, de Darier Hentsch, est même plus pessimiste. «A mon avis, la reprise n'aura pas lieu cette année. Il faut d'abord que les clients de l'industrie des machines gagnent eux-même à nouveau de l'argent, avant qu'ils se mettent à leur tout à passer commande.»

Un effet-retard, donc. Qui va sans doute obliger ce secteur - le premier employeur du pays, dans l'industrie, avec 330 000 salariés - à faire le gros dos jusqu'à l'année prochaine.

swissinfo/Pierre Gobet à Zurich

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