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Mario Corti, «responsable du grounding de Swissair»

Journée sombre pour le dernier patron du SAirGroup. Keystone

Après les administrateurs, c'est le dernier patron de SairGroup qui a subi les foudres de l'accusation ce vendredi à Bülach.

Ce contenu a été publié le 16 février 2007 minutes

Mario Corti et l'ex-cheffe des finances Jacqualyn Fouse sont notamment accusés d'avoir «volontairement fait traîner la demande de sursis concordataire».

La météo est mauvaise pour les anciens dirigeants de Swissair. Lors de la reprise du procès, jeudi, c'est en particulier le conseil d'administration de SAirGroup qui a été la cible de l'accusation : «La débâcle de Swissair est l'œuvre affligeante d'une équipe d'optimistes béats qui ont fermé les yeux face à la réalité et qui ont encore manigancé pour dissimuler leurs erreurs», disait notamment le procureur Christian Weber.

Ce vendredi, son collègue Thomas Armbruster s'en est pris violemment à Mario Corti et à l'ex-cheffe des finances Jacqualyn Fouse, accusés d'avoir «volontairement fait traîner la demande de sursis concordataire».

De la passivité coupable...

Cette demande, ils l'ont finalement déposée le 4 octobre 2001, soit deux jours après le grounding de Swissair, et cela sous la pression de l'administrateur Lukas Mühlemann.

Pourtant, ils savaient au plus tard depuis le 17 septembre que le groupe était insolvable, note l'accusation. Ce jour-là, la Confédération a refusé un crédit-relais de 1 milliard de francs. Une semaine plus tôt, l'UBS résiliait le compte de SairGroup appelé 'cash pool', qui était «central» pour les liquidités du groupe.

Mario Corti et Jacqualyn Fouse n'ont «rien, mais absolument rien entrepris» face à cette nouvelle aggravation de la situation financière déjà «dramatique», a dénoncé le procureur zurichois.

Comme les mois précédents, ils sont agi de façon «réactive» et «négligente», se réfugiant dans une attitude toujours trop optimiste, basée sur le «best case», soit le meilleur scénario. Ils
se sont livrés à des «actions incontrôlées et précipitées».

Preuve en est l'annonce du sursis concordataire, le 1er octobre déjà, aux médias. Elle a eu pour conséquence que les fournisseurs de SAirGroup ont alors tous exigé d'être payés à l'avance. Mais Mario Corti «n'avait aucun plan, n'avait pris aucune disposition» pour
faire face à ce besoin de liquidités accru.

... au grounding

«Cela a été fatal», a déclaré le procureur. Le dernier patron de Swissair et sa directrice des finances ont continué à «dilapider» les dernières réserves jusqu'au 4 octobre, soit 177 millions de francs depuis le 25 septembre.

Ces pertes ont causé l'immobilisation de la flotte Swissair le 2 octobre 2001, a affirmé le procureur zurichois, qui accuse Mario Corti et Jacqualyn Fouse de gestion fautive et déloyale. Thomas Armbruster évalue entre 10 à 20% au moins la diminution de la valeur de SAirGroup à la veille du grounding.

Longue descente aux enfers

Le procureur ne s'est pas contenté d'évoquer les semaines précédant le grounding. Il a détaillé la descente aux enfers de Swissair depuis 2000. «Au plus tard à la fin de l'été 2000, les difficultés financières étaient connues», a-t-il déclaré.

Pourtant, aucune mesure «décisive» n'a été prise. Mario Corti, qui a repris les rênes de la compagnie en mars 2001, s'est lui aussi contenté d'un assainissement «hésitant et partiel», car il avait «beaucoup de mal à se séparer de participations».

Mario Corti a ainsi fait «perdre un temps précieux» à Swissair, a déclaré le procureur adjoint. Qui plus est, lui et son équipe ont «tout entrepris pour minimiser la situation catastrophique». Par ailleurs, Thomas Armbruster a également étayé l'accusation selon laquelle Mario Corti et Jacqualyn Fouse ont avantagé des créanciers au détriment d'autres, fin septembre 2001.

Contrairement à Mario Corti, Jacqualyn Fouse, qui est désormais responsable des finances au sein la filiale de Nestlé Alcon, n'était pas présente vendredi dans la salle du tribunal de Bülach.

Les plaidoiries des quatre procureurs zurichois se poursuivent lundi. Ils devraient annoncer lundi après-midi les peines qu'ils requièrent.

swissinfo et les agences

Le procès Swissair

Le procès de la débâcle du groupe Swissair a commencé le 16 janvier devant le Tribunal de district de Bülach et dure jusqu'au 9 mars.

La comparution des 19 accusés s'est terminée le 5 février.

Les audiences sont publiques. La salle communale de Bülach peut accueillir jusqu'à 1500 personnes.

Le procès a repris le 15 février avec les plaidoyers de l'accusation, puis suivront ceux de la défense.

La date de publication du verdict n'est pas arrêtée.

L'acte d'accusation occupe une centaine de pages. Les actes du dossier remplissent 4150 classeurs.

Le Ministère public zurichois a auditionné plus de 300 personnes pendant 40'000 heures et a ordonné vingt perquisitions.

Une première version de l'acte d'accusation, publiée de 30 mars 2006, avait été rejetée par la cour pour insuffisances. La version retravaillée a été rendue durant l'été et publiée début janvier.

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