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MANQUE PHOTO - Castro et la Suisse ont entretenu toutes sortes de liens

Fidel Castro est mort....

Ce contenu a été publié le 22 décembre 2006 minutes

Historiens et analystes – à Moscou comme à Washington, mais également aussi un peu à Berne – se demandent déjà comment cataloguer la vie et l'oeuvre du révolutionnaire cubain.

Pendant plus d'un demi-siècle, Fidel Castro aura incarné - avec Che Guevara – l'espoir d'un monde plus juste, un monde débarrassé de la faim, des guerres et de l'analphabétisme.

En Suisse aussi, de nombreux intellectuels, des artistes, des écrivains se sont laissé impressionner par la révolution cubaine et le "Commandante" Castro. Dans les années 1960, ils sont partis constater de leurs propres yeux la ferveur révolutionnaire en marche à La Havane, aux côtés de figures comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou Régis Debray.

La force des images

Les rapports sur Castro du sociologue genevois Jean Ziegler ou de l'écrivain zurichois Hugo Lötscher sont de vrais morceaux d'anthologie. Ziegler met en avant dès le début de la révolution la figure de Che Guevara, plus forte que celle de Castro lui-même, puisque l'homme ne rêve pas d'une seule révolution, mais de plusieurs.

Les révolutionnaires de La Havane connaissent très bien le pouvoir et la magie des images. Et Fidel Castro le premier, qui a su se poser en icône de la révolution, même si son discours se faisait de moins en moins crédible au fil des décennies.

Au début, la force de l'imagerie révolutionnaire a séduit des cinéastes et des photographes suisses, parmi lesquels René Burri et Luc Chessex. Les photos du Che que fit le premier en 1963 René Burri ont fait le tour du monde et tournent encore aujourd'hui. Fidel Castro, c'était la rhétorique de la révolution. Che Guevara, l'image.

Quant à Luc Chessex, il est resté neuf ans à Cuba, photographiant notamment pour le Ministère de la Culture du régime. Mais en 1975, c'est la rupture: sans explication, il est embarqué dans un avion et expédié en Suisse en tant que «personne indésirable». Le silence radio durera près de trente ans.

Puis à la fin de l'an dernier, Luc Chessex est retourné à La Havane, pour l'exposition de 40 de ses images d'Amérique Latine et de Cuba, à la Photothèque nationale, sur une initiative de l'historien de la Ville.

Castro est mort, vive le Che !

Le cinéaste Richard Dindo s'est également beaucoup occupé de Cuba. Mais avec son documentaire "Journal de Bolivie", c'est le Che qu'il immortalise, pas Fidel.

Il était clair longtemps avant sa mort déjà que Castro perdrait la campagne d'image contre Che Guevara. Tandis que l'éternel guerillero échoue, et tombe en 1967 dans la jungle bolivienne, le "Lider maximo" va se maintenir au pouvoir durant 47 ans. Mais au terme de son règne, son échec n'est pas moins cuisant que celui de son compagnon d'armes.

Après la chute des régimes communistes dès 1989, Castro était seul à pouvoir décider des réformes dont l'économie et la société de son pays avaient impérativement besoin. Mais il n'a jamais pu s'y résoudre, lui qui écoutait peu les conseillers.

En revanche, il ne refusait pas de l'aide, notamment de la Suisse.

Des relations distantes

Depuis des années, un axe diplomatique relie Cuba à la Suisse. Berne représente en effet les intérêts américains à La Havane. Mais l'importance opérationnelle de cette relation est aujourd'hui minime.

Auprès des autorités Cubaines, la Suisse officielle a de la peine à se faire admettre comme un pays qui mène une politique étrangère neutre et indépendante. Au fil des ans, le régime a vu de plus en plus la Suisse comme partie intégrante de la politique agressive de l'Union européenne.

Le CICR en a aussi fait l'expérience, lui dont les délégués ne peuvent plus depuis longtemps visiter les prisonniers politiques de Cuba.

Risques d'implosion

Ce qui n'a pas empêché la DDC, l'agence suisse de coopération au développement, d'ouvrir un bureau à La Havane en 2000. La Suisse soutient la société civile cubaine, en co-finançant des projets d'éducation, de formation ou de santé. Des domaines dont le régime tirait autrefois sa fierté et où se lit aujourd'hui son échec.

Fidel Castro disparu, est-ce que les parties saines de son socialisme tropical vont survivre, après extraction des parties malades? Il n'est pas exclu non plus que les mutations inévitables qui s'annoncent ne fassent imploser le tout.

swissinfo, Erwin Dettling
(Traduction et adaptation de l'allemand: Marc-André Miserez)

Les ONG suisses à Cuba

Les deux organisations non gouvernementales Camaquito et mediCuba sont actives sur le terrain à Cuba.

Camaquito soutient depuis 2001 des programmes de formation et des programmes culturels pour les enfants et les jeunes.

MediCuba soutient la Ligue cubaine contre le cancer avec de l'argent, de l'équipement médical et des médicaments.

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