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Médecine à deux vitesses en vue

Les hôpitaux de soins aigus sont engorgés en raison d’un manque de structures de soins intermédiaires. Comme des homes ou des hôpitaux de convalescence.

Ce contenu a été publié le 24 juillet 2003

Selon nombre de médecins, l’introduction du Tarmed ne va pas améliorer la situation.

Il n’y a pas que les urgences des hôpitaux de soins aigus ou universitaires qui soient asphyxiées par manque de personnel hospitalier.

Le suivi des maladies chroniques pose aussi de sérieux problèmes. Il faudrait pouvoir apprendre au patient à gérer sa maladie, ce qui demande du temps… impossible à dégager, de l’aveu du personnel soignant.

Et si on soigne beaucoup plus vite, - la durée des séjours diminue en effet chaque année au profit de séjours de moins de 24 heures qui eux augmentent massivement, - les sorties restent le principal problème.

Des homes pour personnes âgées médicalisés ou des hôpitaux de convalescence manquent en effet cruellement.

Ces structures permettraient de désengorger les hôpitaux de soins aigus et d’éviter que les patients poussés précipitamment dehors sous la pression économique ne reviennent au bout de quelques jours.

Fermeture d’hôpitaux périphériques

Les fermetures par les autorités cantonales de plusieurs services dans des hôpitaux périphériques, rationalisation oblige, n’ont rien arrangé. Ces établissements pouvaient jusque là absorber une partie des actes médicaux de moyenne importance.

En Romandie, le dernier en date est l’hôpital du Lavaux (VD) où 32 chirurgiens indépendants opéraient au tarif de l’assurance de base obligatoire.

Les opérations devront désormais se faire à l’hôpital universitaire de Lausanne (CHUV), qui est déjà totalement asphyxié.

Quant aux économies ainsi réalisées, on peut sérieusement les mettre en doute. Une journée dans un hôpital universitaire coûte beaucoup plus cher, en moyenne 1'357 francs contre 895 francs dans un petit hôpital.

Le Tarmed pour ne rien arranger

Or, avec l’entrée en vigueur du Tarmed prévue en 2004, une bonne partie de la chirurgie ambulatoire va être reportée sur les grands hôpitaux.

Ce tarif médical unifié fixe le prix des actes médicaux ambulatoires qui sera remboursé par l’assurance de base obligatoire. Il a été âprement négocié entre les associations des assureurs maladie privés (santésuisse) et des établissements hospitaliers (H+).

En substance, les hôpitaux privés ou publics non-subventionnés sont scandalisés par le fait que santésuisse refuse d'accepter un point de taxation légèrement supérieur à celui des hôpitaux publics, donc subventionnés par les cantons.

Allongement des listes d’attente

Des dissensions subsistent d’ailleurs toujours entre certaines associations de praticiens et santésuisse.

Un dernier éclat a encore eu lieu récemment, mais ne devrait pas, aux dernières nouvelles, remettre en question l’entrée en vigueur du Tarmed.

Mais cet accord tarifaire n’augure rien de bon selon la plupart des médecins.

«C’est la porte encore plus grande ouverte à la médecine à deux vitesses. Il est évident qu’en tant qu’indépendants, nous n’allons pas pratiquer des actes médicaux qui ne sont pas rentables», critique le cardiologue Marco Bettoni qui opère à la clinique de la Tour à Meyrin (GE).

Les patients qui n’ont qu’une assurance de base seront alors dirigés vers les hôpitaux publics, où les listes d’attente vont forcément s’allonger.

Alors que les budgets de ces établissements vont encore plus exploser. Et se reporter sur les finances cantonales.

Seuls ceux qui auront une assurance complémentaire pourront donc s’offrir des soins rapides et dans des conditions moins stressantes.

Swissinfo, Anne Rubin et Philippe Kropf

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