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Lula ne fait plus peur aux entreprises suisses

L’ex-syndicaliste part favori pour le second tour du 27 octobre. Keystone Archive

La gauche, incarnée par Luiz Inacio «Lula» da Silva, a de forte chance de remporter les présidentielles au Brésil fin octobre.

Ce contenu a été publié le 12 octobre 2002 minutes

Mais, comme la révolution n'est plus à l'ordre du jour en Amérique latine, les investisseurs suisses restent sereins.

La gauche a frôlé la victoire au premier tour lors de l'élection présidentielle de dimanche dernier. Le leader du parti des travailleurs (PT) Luiz Inacio «Lula» da Silva a obtenu 46,4% des voix. Alors que le représentant du gouvernement José Serra en a recueilli la moitié (23,2%).

L'ancien syndicaliste part ainsi grand favori avant le second tour du 27 octobre. Mais, les perspectives d'alternance, dans ce pays latino-américain gouverné par des conservateurs et des modérés depuis des décennies, n'inquiètent pas outre mesure les milieux d'affaires helvétiques opérant dans la région.

Préférence au pouvoir en place

En dépit d'une neutralité bienveillante face au processus démocratique en cours au Brésil, la plupart des chefs d'entreprise ne cachent pas leur préférence pour l'administration au pouvoir depuis 1995, qui su maîtriser l'inflation et moderniser l'économie.

Toutefois, la volonté de changement, nourrie par un profond malaise social et exprimée par les 115 millions d'électeurs brésiliens, est claire. Ensemble, les divers candidats de l'opposition ont recueilli 76% des suffrages exprimés.

Selon Marcelo Mesquita, chef du département de recherche de la banque UBS Warburg à Rio de Janeiro, la probabilité que Lula décroche la présidence à sa quatrième tentative est de 80%.

Le problème est de savoir ce qu'il va faire de cette victoire annoncée. Le fait est que Lula ne fait plus vraiment peur aux investisseurs suisses. La plupart estiment que le candidat de gauche va rester fidèle à la modération affichée au long de la campagne électorale.

La révolution n'est plus à l'ordre du jour du principal parti de gauche d'Amérique latine. « Le PT devra se montrer pragmatique », explique Mesquita.

Marge de manœuvre balisée

La marge de manœuvre du futur président, quel qu'il soit, sera effectivement étroitement balisée par l'accord conclu en août dernier avec le Fonds monétaire international et par un Congrès dans lequel aucun parti ne sera majoritaire.

D'où l'importance du contrôle des finances publiques et de la recherche d'alliances pour gouverner, ce qui devrait une nouvelle fois déplacer la balle vers le centre de l'échiquier politique, précisent les analystes des multinationales helvétiques.

«Les entreprises suisses peuvent se préparer à travailler avec un peu plus d´inflation, mais elles continueront à gagner de l'argent comme par le passé», résume l'expert d'UBS.

Politique plus interventionniste

D'autres, comme Rodrigo Azevedo, économiste en chef de Credit Suisse First Boston à São Paulo, ne cachent peur appréhension.

Ils craignent une politique plus interventionniste et d'éventuelles restrictions aux importations qui pourraient gêner l'activité économique.

Cependant, pour les entreprises du secteur agroalimentaire ou même de l'industrie pharmaceutique, c'est surtout la taille de ce marché (170 millions de consommateurs) et son potentiel de croissance, qui priment.

«Ce n'est pas à cause d'un changement de président de la République que des grandes entreprises, dont certaines sont installées au Brésil depuis cent ans ou plus, vont cesser d'investir et de parier sur ce marché», explique à swissinfo le président de la Chambre de commerce suisse (Swisscam) à São Paulo, Ernesto Moeri.

Ce dernier estime toutefois que le candidat du gouvernement conserve une chance de renverser la vapeur et de l'emporter au deuxième tour.

swissinfo/Thierry Ogier à São Paulo

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