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Liban: «Nous faisons tout ce que nous pouvons»

Micheline Calmy-Rey a exposé le point de vue suisse sur la crise au Liban jeudi à Berne. Keystone

Evacuations, aide humanitaire, contacts diplomatiques: les Affaires étrangères sont mobilisées face à la crise libanaise, assure Micheline Calmy-Rey à swissinfo.

Ce contenu a été publié le 21 juillet 2006

La ministre suisse qualifie la situation humanitaire au Liban de «dramatique». Et d'«extrêmement difficile» sur le plan politique.

La ministre des Affaires étrangères en est convaincue: la stratégie de dissuasion par la force conduit à une impasse. La Suisse entend donc œuvrer pour une solution négociée au Proche-Orient. Elle propose comme préalable un échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah.

swissinfo: Quelles sont les priorités de la Suisse dans la crise libanaise?

Micheline Calmy-Rey: Notre première priorité est d'évacuer les Suisses sur place. 500 personnes l'ont été pour l'instant. Il est difficile de donner des chiffres précis, car les gens s'annoncent au fur et à mesure auprès de notre ambassade. Mais nous estimons qu'il en reste à peu près autant à évacuer.

Nous sommes également engagés sur le plan humanitaire. Il est très important de cesser immédiatement les hostilités. Il faut établir un cessez-le-feu, dans un souci humanitaire.

Car la situation est dramatique. A peu près 500'000 personnes sont déplacées à l'intérieur du Liban. Dont 40'000 pour la seule ville de Beyrouth. L'accès aux médicaments, l'accès à la nourriture sont quasi impossibles.

En plus du cessez-le-feu, nous nous engageons pour la création de corridors humanitaires. Aussi bien par la mer que vers le Sud du Liban. Et nous lançons des appels répétés au respect des conventions de Genève.

Sur le plan diplomatique, la Suisse s'engage également à travers ses différents contacts. L'objectif: privilégier une solution négociée, à nos yeux la seule à même de mettre un terme à ce conflit au Moyen-Orient.

swissinfo: La Suisse va-t-elle jouer un rôle de médiateur dans ce conflit?

M.C-R.: Pour le moment, nous ne sommes pas dans un rôle de médiation. La Suisse ne fait pas partie des acteurs qui prennent part aux discussions stratégiques.

Mais encore une fois, avec notre sincérité et notre rôle particulier en tant qu'Etat dépositaire des Conventions de Genève, nous avons une place dans la communauté internationale. Cette place et nos contacts, nous les utilisons de la meilleure manière possible pour amener à une discussion.

swissinfo: Sur le terrain, jugez-vous les opérations militaires israéliennes proportionnées?

M.C-R.: Nous avons jugé qu'elles étaient disproportionnées. Nous reconnaissons le droit d'Israël à chercher à récupérer ses soldats prisonniers par des moyens militaires.

Le problème est que ces opérations touchent des populations civiles. Qu'elles détruisent des infrastructures civiles. A partir de là, nous avons considéré qu'elles n'étaient pas proportionnées au but à atteindre.

swissinfo: A-t-on affaire à des attaques contre le Liban ou contre le Hezbollah? Dans le premier cas, quelles sont ou seraient les implications pour la Suisse?

M.C-R.: Notre évaluation, pour l'instant, est que nous avons affaire à des attaques contre la Hezbollah.

Dès l'instant où nous considérerions qu'il s'agit d'opérations entre deux pays, le conflit deviendrait interétatique et la Suisse pourrait appliquer le droit de la neutralité (ne plus vendre d'armes aux belligérants, par exemple (ndlr)).

swissinfo: Selon vous, la population suisse estime-t-elle que le Département fédéral des affaires étrangères en fait assez dans ce contexte de crise?

M.C-R.: Ce n'est pas moi qui peux répondre à cette question. Ce que je peux vous dire, c'est que nos collaborateurs sont vraiment engagés à fond.

Sur place, à Beyrouth bien sûr, mais dans toutes les ambassades de la région aussi - Damas, Chypre – comme ici à la centrale, les gens sont vraiment mobilisés, engagés.

Nous avons mis sur pied une cellule de crise qui se réunit jusqu'à plusieurs fois par jour. Un numéro de hotline est à disposition des Suissesses et des Suisses.

Je crois que nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les choses se déroulent au mieux, dans une situation vraiment très difficile.

Interview swissinfo: Pierre-François Besson

Faits

838 citoyens suisses vivent au Liban
713 ont la double nationalité
Depuis le début de l'évacuation, environ 500 Suisse ont pu quitter le pays des cèdres
Les personnes sans nouvelles de parents suisses au Liban peuvent contacter la hotline au +41 31 325 33 33 (de 08h00 à 21h00)

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En bref

- Israël a commencé ses attaques contre le Liban après l'enlèvement de deux de ses soldats par les islamistes du Hezbollah.

- Jusqu'à présent, les attaques israéliennes sur le Liban ont provoqué plus de 300 morts et plus de 700 blessés.

- Ces opérations n'ont cependant pas permis de neutraliser le Hezbollah qui continue à faire pleuvoir des roquettes sur la Galilée, provoquant là aussi des victimes civiles.

- Ce conflit a provoqué le départ massif des étrangers présents au Liban. En raison du pilonnage des routes et des aéroports, cette évacuation a principalement lieu par mer.

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