Les systèmes éducatifs suisses sont à la portée de tous
Une conférence internationale, comme celle de l'éducation qui se tient à Genève, est par définition un lieu ouvert aux idées de collaboration. Pour la Suisse, pays hôte, c'est aussi l'occasion d'expliquer sa pratique de la coopération, à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières.
Quand on sait la complexité du système éducatif suisse ou plutôt de ses 26 différentes politiques cantonales en matière d'éducation, la délégation officielle d'un pays qui n'a même pas de ministre de l'Education nationale peut-elle parler d'une seule et même voix dans les conférences internationales?
En Suisse, l'enseignement et la formation relèvent en effet de la compétence des États cantonaux. Mais ceux-ci ont institué entre eux une forme de coopération par le biais de la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP), laquelle dispose d'un secrétariat permanent et de plusieurs institutions spécialisées. Et c'est son président qui, de fait et de droit, joue le rôle de ministre de l'Education.
Un laboratoire de 26 éprouvettes
«Il n'y a pas de difficultés à expliquer le système suisse, nous dit Bernard Wicht, chef des affaires internationales au secrétariat de la CDIP, car nous faisons tous face aux mêmes défis, ceux de la diversité culturelle dans les classes, de l'intégration, de la formation à la démocratie, de l'introduction des nouvelles technologies et de leur impact sur la pédagogie.»
«Avec nos 26 cantons qui ne sont pas tous au même stade du développement de leur politique de l'éducation, nous bénéficions d'une sorte de laboratoire d'une très grande richesse et cela nous permet de présenter une palette de pratiques tout à fait intéressantes pour les autres pays.»
«De plus, poursuit Bernard Wicht, on se rend compte que ce laboratoire attire les questions: comment avez-vous trouvé cette solution, pourquoi avez-vous rencontré ce problème, pourquoi vous maintenez 26 systèmes différents? Cela ouvre la voie à une vraie possibilité de dialogue et d'échange d'expériences.»
Priorité au soutien de l'éducation de base
Cette possibilité de contacts, Jean-Marie Byll-Cataria, d'origine togolaise, s'est efforcé de l'exploiter autant que possible pendant les quatre jours de la Conférence. Depuis une bonne vingtaine d'années, il est expert en questions d'éducation à la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC).
Il faut savoir, rappelle-t-il, qu'en matière de coopération dans le domaine éducatif, la Suisse n'investit pas dans les infrastructures scolaires des pays en développement. Quand elle intervient dans des cadres institutionnels, elle le fait au travers de cofinancements en faveur principalement d'innovations pédagogiques.
Mais c'est surtout dans les domaines informels de l'éducation de base, de l'alphabétisation des adultes et des structures communautaires en faveur des enfants non scolarisés que la DDC prend des engagements, principalement en Afrique occidentale, au Bangladesh et au Pakistan.
«Il s'agit d'aider des partenaires à développer leurs propres initiatives, explique Jean-Marie Byll-Cataria, de soutenir des actions locales initiées par des associations de producteurs et de productrices, des associations de parents, des ONG, voire parfois l'État lui-même.»
Pour lui, les différents thèmes abordés par la Conférence internationale de travail vont en quelque sorte servir de grille de relecture de ses activités: «Cela, nous dit-il, me permettra de porter un regard critique sur les initiatives que nous soutenons, le fait d'avoir échangé avec beaucoup de gens va beaucoup m'inspirer dans mon travail.»
Bernard Weissbrodt, Genève

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