Les syndicats poussent à la hausse des salaires
C'est, selon l'USS, une façon de relancer l'économie. Dans les secteurs récalcitrants, les syndicats sont prêts à recourir à la lutte.
«Ce que nous disions cet été est toujours valable après le 11 septembre, a déclaré vendredi Paul Rechsteiner, président de l'Union syndicale suisse (USS). La meilleure recette pour relancer l'économie, c'est une hausse en termes réels des bas et des moyens salaires».
La revendication de l'USS reste donc la même: un relèvement général des salaires de 5%, qui équivaudra à une hausse réelle de 3,5%, compte tenu du renchérissement attendu, soit 1,5% sur l'année.
Ceci afin de combler le grand besoin de rattrapage des salariés du bas et du milieu de l'échelle, qui ont vu leur pouvoir d'achat s'éroder constamment au cours de la décennie 90.
Le bon remède
A cet argument de pure justice sociale, les syndicats ajoutent l'argument économique. Comme le rappelle l'USS, l'économie intérieure est largement tributaire du pouvoir d'achat des consommateurs. Augmenter les salaires, c'est donc donner aux gens l'envie (et la possibilité) de recommencer à acheter.
Pour la centrale syndicale, ce soutien à l'économie intérieure est plus que jamais nécessaire au lendemain des attentats aux Etats-Unis, dont les suites ont fragilisé nombre de secteurs, et surtout ceux tournés vers l'exportation.
«Dans ce domaine, les perspectives de relance dépendent d'un grand nombre de facteurs, que nous ne pouvons que difficilement influencer, si ce n'est par une politique raisonnable de la Banque nationale quant au cours du franc», constate Paul Rechsteiner.
Premiers résultats encourageants
Au vu des résultats des premières négociations salariales, l'USS semble avoir été partiellement entendue. Les augmentations obtenues varient entre 3% chez les grands distributeurs et chez Roche et 4,3% dans les cimenteries. Au milieu de la fourchette, Swisscom et La Poste accorderont des augmentations moyennes de 3,7% et 3,2%.
«Nous avons obtenu en partie des hausses proportionnellement plus élevées des bas salaires, en particulier dans l'hôtellerie et la restauration», se réjouit Paul Rechsteiner. Autre motif de satisfaction: les progrès substantiels accomplis dans l'extension de la convention collective au personnel à temps partiel des grands magasins.
Construction: le conflit inévitable
Dans le secteur de la construction par contre, le conflit semble inévitable. Les syndicats préparent une journée nationale de protestation le 19 novembre et se disent prêts si nécessaire «à prendre des mesures de lutte».
Alors que les syndicats demandent une augmentation de 250 francs pour chacun des 100 000 travailleurs concernés, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) propose 40 francs par mois, auxquels s'ajouteraient 40 francs pour les plus méritants.
Commentaire de Jacques Robert, vice-président central du Syndicat industrie et bâtiment (SIB): «la SSE se désintéresse du sort des travailleurs des chantiers et compte une nouvelle fois (en lorgnant du côté des pays de l'Est) sur l'apport d'une main-d'œuvre immigrée sous-payée pour régler ses problèmes d'effectifs».
Situation d'autant plus choquante pour Jacques Robert qu'après avoir traversé une période catastrophique entre 1992 et 1998, le secteur s'est bien redressé depuis et devrait même soutenir la conjoncture l'an prochain.
Le ras-le-bol aux CFF
L'impasse semble tout aussi nette aux CFF. Les quatre syndicats qui regroupent près de 90% du personnel de l'ancienne régie fédérale qualifient de «provocation» l'offre de la direction d'accorder une compensation du renchérissement de 0,5%.
«Le ras-le-bol est tel que si nous n'obtenons pas mieux, nous sommes prêts à aller jusqu'à un débrayage d'une heure. Les employés des CFF totalisent plus de 430 000 jours de congé en retard», tonne François Gatabin, vice-président du syndicat du personnel des transports (SEV).
Et Paul Rechsteiner de rappeler qu'au printemps dernier, les managers des CFF (tout comme ceux de La Poste) se sont accordés des augmentations de salaire de 50 à 100%. «Qui prône la modération pour ses employés devrait commencer par l'appliquer à soi-même», souligne le président de l'USS.
Enfin, dans le secteur de la santé, certains cantons et communes ont déjà accordé de substantiels réajustements, pouvant aller jusqu'à 5 à 10% de hausse réelle, mais ce n'est pas le cas partout. Pour secouer les récalcitrants, le syndicat des services publics (SSP) prévoit une journée d'action et de grève pour mardi prochain.
Marc-André Miserez

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