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Les sans-papiers plient mais ne cèdent pas

Malgré les doutes et l’insécurité, les sans-papiers de Fribourg ont choisi de poursuivre la lutte. Keystone

Sommés de quitter les locaux paroissiaux, les sans-papiers se sont repliés dans l'église Saint-Paul à Fribourg. Ils ont jusqu'à mardi midi pour accepter une nouvelle proposition du conseil de paroisse. Faute de quoi, ils seront évacués.

Ce contenu a été publié le 20 août 2001 - 17:44

Entre les sans-papiers et le conseil de paroisse de l'église Saint-Paul, le torchon brûle depuis plusieurs semaines déjà. A la mi-juillet, les propriétaires des locaux ont porté plainte.

Ils demandaient que les 84 sans-papiers, installés dans les bâtiments de Saint-Paul depuis le 4 juin, évacuent les lieux. Le préfet de la Sarine leur avait donné jusqu'au 20 août pour s'exécuter.

Applaudissement de la foule

Lundi matin, deux enfants ont apporté la réponse du collectif des sans-papiers. Sur le parvis de l'église, ils ont déroulé une banderole où l'on pouvait lire: «sans-papiers, nous restons».

Applaudissement nourris de la foule qui s'était mêlée aux journalistes. Des représentants des sans-papiers de Belleveaux à Lausanne et de ceux de la Chaux-de-Fonds ont également fait le déplacement pour soutenir le comité fribourgeois.

C'est que la décision des occupants de l'église Saint-Paul est lourde de sens. Elle démontre la détermination d'une poignée d'individus, qui malgré les doutes et l'insécurité, a choisi de poursuivre la lutte.

Le collectif de Fribourg l'a dit haut et fort: il entend maintenir son mouvement jusqu'à la régularisation collective de tous ses membres. Et la reconnaissance des quelque 300 000 travailleurs clandestins de Suisse.

L'évacuation toujours à l'ordre du jour

Pourtant, malgré l'euphorie ambiante, ce lundi à l'église Saint-Paul, la peur est encore perceptible. C'est elle qui, en partie, a conduit les sans-papiers à quitter les locaux paroissiaux pour se réfugier dans l'église proprement dite.

Pour des raisons d'hygiène, les membres du collectif continueront d'utiliser les toilettes et la cuisine paroissiales. Les matelas et les affaires personnelles sont déjà soigneusement rangés dans le lieu saint.

Mais le conseil de paroisse reste inflexible. Il a fixé, lundi, de nouvelles conditions. Il est d'accord que cinq sans-papiers restent dans l'église pour une occupation symbolique jusqu'au 17 septembre. C'est-à-dire jusqu'à l'ouverture de la session d'automne des Chambres fédérales.

Pas d'effet de surprise

«Le conseil de paroisse doit me dire s'il maintient ou non sa plainte, explique Nicolas Deiss, préfet de la Sarine. Si tel est le cas, je devrais alors faire évacuer l'église».

Mais Nicolas Deiss s'est voulu rassurant. Dans le cas d'une intervention policière, «nous ne procéderons pas à une intervention par surprise».

Le dossier est loin d'être clos, Mais quelle que soit l'issue du bras de fer engagé avec le conseil de paroisse, les sans-papiers de Fribourg ont déjà remporté quelques batailles.

En premier lieu, ils ont acquis le soutien inconditionnel des curés de la paroisse et, dans une moindre mesure, celui d'une partie de l'Eglise. Mgr Bernard Genoud, évêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg, a déjà fait savoir qu'il allait tenter une médiation auprès du conseil de paroisse.

Par ailleurs, le capital sympathie à l'égard des sans-papiers n'a cessé d'augmenter. La pétition lancée par le mouvement a déjà recueilli quelque 12 000 signatures. Et de récents sondages d'opinion démontrent qu'une majorité de la population suisse est acquise à leur cause.

De nouveaux collectifs

Les sans-papiers ont en outre atteint un objectif essentiel: porter la question sur la place publique. Au fil des dernières semaines, les collectifs des sans-papiers ont reçu le soutien officiel de diverses organisations et personnalités politiques.

Loin de s'enliser comme le prédisaient certains, le mouvement des sans-papiers a pris de l'ampleur durant l'été. Et, après Lausanne, Fribourg et la Chaux-de-Fonds, de nouveaux collectifs pourraient bien voir le jour en Suisse.

Vanda Janka

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