Les salaires en nature ont la cote chez les cadres
L'Office fédéral de la statistique met le doigt sur une pratique nouvelle: les avantages en nature comme salaire.
L'Office fédéral de la statistique (OFS) s'est intéressé à ce phénomène en effectuant une enquête pilote auprès de 40 grandes entreprises.
Il en ressort que la part de ces avantages en nature (fringe benefits) représente entre 3 et 5% du salaire, voire 20% dans certains cas.
Obtention d'un téléphone portable
Ces fringe benefits peuvent prendre plusieurs formes. Il peut s'agir de l'obtention d'un téléphone portable, du financement d'un logement ou encore d'une participation au plan d'assurance-vie.
«Ces avantages ont à voir avec la fidélisation et l'identification des employés à leur entreprise», explique Daniel Froidevaux.
Ce dernier ne se prononce en revanche pas sur la question de savoir si cette rémunération en nature est une manière détournée d'échapper au fisc.
Ce phénomène est en tout cas en augmentation. Du coup, l'OFS intégrera cette composante dans ses prochaines enquêtes.
Les disparités ont la vie dure
En ce qui concerne son étude principale, l'OFS a interrogé 7400 entreprises. Il en ressort que le salarié suisse a gagné en moyenne 5220 francs bruts par mois l'an dernier.
Les salaires ont, en moyenne, augmenté de 2,3% par rapport à 1998. Le pouvoir d'achat n'est cependant pas devenu plus fort, car cette augmentation a en grande partie été mangée par l'inflation.
La situation varie fortement selon les branches d'activité. Ainsi, la moyenne des salaires est bien plus élevée dans les assurances (6504 francs) et les banques (7190) que dans le commerce de détail (4009) et l'hôtellerie restauration (3519).
Les femmes restent par ailleurs «systématiquement moins bien rémunérées», selon les mots du directeur de l'OFS, Carlo Malaguerra. A qualification égale, elles gagnent encore 21,3% de moins que leurs collègues masculins.
Les étrangers sont également à la traîne. Ils touchent jusqu'à 15% de moins que leurs collègues suisses. Le salaire mensuel brut des étrangers s'est élevé l'an dernier à 4643 francs.
Un fossé qui s'élargit
Ces résultats ne sont pas étonnants. L'OFS étudie la structure des salaires tous les deux ans depuis 1994. Le constat est toujours le même: mieux vaut être cadre suisse dans une banque que femme peu qualifiée et étrangère dans un hôtel.
Chef de section à l'OFS, Daniel Froidevaux avoue qu'il existe en Suisse une certaine rigidité dans l'évolution des salaires. «C'est une réalité qui bouge relativement lentement», déclare-t-il.
Pourtant, la situation évolue. Les qualifications sont de plus en plus valorisées. Du coup, les personnes qualifiées et déjà bien payées voient leur salaire augmenter, tandis que les employés peu qualifiés stagnent. Bref, le fossé salarial s'élargit.
Olivier Pauchard, Palais fédéral

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