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Les réfugiés mineurs embarrassent la Suisse

Les mineurs les plus jeunes sont automatiquement inclus dans le système scolaire. Keystone Archive

Près de 1400 mineurs ont demandé l'asile en Suisse en 2001. Protégés par la loi jusqu'à leur majorité, leur avenir se joue ici.

Ce contenu a été publié le 27 novembre 2002

Deux ONG suisses suggèrent qu'ils suivent une formation sérieuse qui leur soit utile. Même s'ils sont finalement renvoyés.

L'Institut pour les droits de l'enfant (IDE) et la Fondation suisse du service social (FSSSI) ont lancé un cri d'alarme lors d'un récent séminaire au Sénégal.

Leur constat: de plus en plus de jeunes migrants africains demandent l'asile en Suisse. L'an dernier, 1387 mineurs non accompagnés ont été enregistrés. En majorité, des hommes. Et la tendance se poursuit cette année.

«Au 30 septembre, la proportion de mineurs (6,5%) es restée la même que l'an dernier (6,7%)», constate Dominique Boillat, porte-parole de l'Office fédéral des réfugiés (ODR).

Fuyant la guerre ou la misère, ils ne possèdent en général pas de papiers. Ce qui rend leur identification difficile.

Les mineurs ont plus de chance de rester

Protégés par la loi, les requérants mineurs ne peuvent être refoulés avant leur majorité. En outre, ils bénéficient d'un encadrement supérieur à celui accordé aux autres demandeurs d'asile.

«Conscients de ce fait, ils ont donc tendance à mentir sur leur âge et leur histoire personnelle», reconnaît Paula Riva Gapany, vice-directrice de l'IDE.

C'est la raison pour laquelle, l'ODR a recours à un examen médical complet lorsqu'il n'arrive pas à déterminer leur âge au cours de l'entretien.

Mais cette méthode, critiquée par la plupart des pays européens, manque de précision.

La marge d'erreur est en effet de deux ou trois ans. Or, ces jeunes migrants prétendent avoir entre 15 et 17 ans. Soit un peu moins que la majorité.

Le vide après la scolarité obligatoire

Les mineurs non accompagnés sont fragilisés par le manque de repères familiaux. Ils glissent aisément dans la petite délinquance, constatent l'IDE et la Fondation suisse du service social (FSSSI).

Les plus jeunes sont inclus dans le système scolaire automatiquement. Mais passé l'âge de la scolarité obligatoire, les cantons n'ont plus aucune obligation à leur égard.

Les différences cantonales en matière d'asile étant notoires, tout va dépendre du tuteur chargé du jeune requérant d'asile. Et de sa force de conviction à défendre une formation adéquate.

«Ce problème n'est pas résolu, reconnaît Dominique Boillat. Il est récurrent comme bien d'autres qui tiennent à notre système fédéral.»

C'est là qu'interviennent les deux OGN. «Nous estimons que la formation de ces jeunes est nécessaire, explique Paula Riva Gapany. Nous voulons sortir des stéréotypes: couture pour les filles et menuiserie pour les garçons.»

Micro-formation

Elles souhaitent leur offrir une micro-formation qui leur soit utile même s'ils sont refoulés à leur majorité. Ces projets pourraient être poursuivis grâce à une aide sur place.»

Mais des structures doivent être créées en Afrique. C'était un des buts du séminaire sénégalais. Les réponses des neuf pays présents ont été très positives.

L'ODR est, elle aussi, favorable à ce type d'initiatives. Mais elle se montre sceptique quant au suivi de ces micro-formations dans les pays d'origine. Tout simplement parce que ces adolescents sont rarement renvoyés.

«Ils arrivent jeunes et sont donc bien intégrés. Les cantons leur offrent souvent des permis de séjours.»

Prévention en Afrique

A titre préventif, il s'agit aussi de gommer l'image d'Eldorado véhiculée par la Suisse. «Les Africains rencontrés ne savaient pas par exemple que les enfants transitaient par des centres. Ni qu'ils attendaient, désœuvrés, une décision sur leur sort», déplore Paula Riva Gapany.

«Que l'Europe en général ne désire pas accueillir ces enfants qui peuplent les rues africaines, les a choqués, insiste-t-elle. Ils estiment que la Suisse, pays riche, pouvait bien garder ces 1400 mineurs.»

Les deux ONG prévoient d'autres séminaires en Afrique centrale et de l'Est.

swissinfo/Anne Rubin

Faits

2001: 1387 demandes de requérants mineurs sur 20 633, soit 6,7%
2002: après neuf mois, 1252 demandes de mineurs sur 19 198, soit 6,5%
Les mineurs sont des hommes en grande majorité
16% proviennent de Guinée
11,2% de Sierra Leone
10% du Nigeria, viennent ensuite l'Algérie et l'Angola

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