Les paysans et Coop entrent en négociation
Le géant suisse de la distribution et les agriculteurs se rencontrent samedi à Berne, pour tenter de trouver une solution à leur différend. Au coeur du conflit: l'annonce par Coop d'une baisse, dans les cinq ans, de 20% du prix des produits frais.
«Toute diminution des prix à la production est impossible dans le contexte actuel». A l'instar de Jacques Bourgeois, directeur-adjoint de l'Union suisse des paysans (USP), les agriculteurs refusent de baisser leurs tarifs. Et cela même si, en Suisse, les produits frais coûtent 30% à 50% de plus que dans les pays voisins.
En clair, les paysans suisses ne veulent pas être les seuls à s'aligner sur les prix européens. Les autres secteurs de l'économie helvétique doivent suivre, eux aussi, le mouvement.
En outre, les agriculteurs estiment avoir déjà fourni suffisamment d'efforts. Les prix à la production ont en effet baissé de 23% en 10 ans. Alors que, durant la même période, les prix de vente au détail, eux, ont augmenté de 4%.
«Le problème n'est pas chez nous», affirme le secrétaire général de l'Union des producteurs suisses (UPS), Fernand Cuche, qui montre du doigt les entreprises de transformation et de distribution.
Coop est-elle prête à une concession? Le porte-parole du grand distributeur Karl Weisskopf refuse de répondre. En revanche, il tient à rappeler que le chiffre contesté aujourd'hui par les paysans n'est qu'une estimation faite il y a un an.
«Cette estimation a été faite dans le cadre de notre restructuration, ajoute Karl Weisskopf. Pour arriver ä ce chiffre de 20%, nous avions tenu compte de la politique agricole officielle, des bilatérales et du fait que certains Suisses vont faire leurs achats à l'étranger.»
Dans ce conflit, les paysans ont déjà remporté une bataille. Le mois dernier, après avoir bloqué les deux centrales de Coop à Fribourg et Givisiez, ils ont obtenu la tenue d'une table ronde. Celle de samedi précisément.
En outre, le grand distributeur a, d'ores et déjà, accepté le principe d'une réintégration des interprofessions, qui regroupent les différents acteurs d'une même branche. Les grandes lignes de ce dossier seront également discutées samedi.
La partie est loin d'être gagnée pour les agriculteurs. Face au géant de la distribution, les actions des deux centrales paysannes semblent manquer notamment de coordination. D'ailleurs, Fernand Cuche l'admet .
Des actions qui reprendront en cas d'échec des négociations. C'est que les paysans semblent avoir la force du désespoir: selon Prométerre (Association vaudoise de promotion des métiers de la terre), l'ensemble de leur production rapporte aujourd'hui 2,7 milliards de francs de moins qu'au début des années nonante. Or, durant la même période, les paiements directs n'ont augmenté que de 0,8 à 2,1 milliards de francs.
Caroline Zuercher

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