Les pays développés sommés d'ouvrir leurs marchés
A l'occasion du Forum économique mondial, experts et hommes politiques se sont penchés sur les perspectives qui s'offrent à l'économie globale.
De cette réunion, qui se tient actuellement à New York, il ressort un certain sentiment d'optimisme face à la récession. Mais la conscience aussi qu'il faut que les pays industrialisés en fassent plus pour remédier aux déséquilibres entre Nord et Sud.
Le patron du FMI, le Fonds monétaire international, Horst Köhler, a ainsi souligné l'importance pour les pays en développement d'avoir accès aux marchés des pays riches. «Il faut donner aux pays pauvres de meilleures chances de vendre leurs produits, de s'aider eux-même à travers les échanges commerciaux.»
Horst Köhler a montré du doigt les Etats-Unis, pour leurs subventions dans le domaine textile et l'agriculture. Mais aussi Bruxelles: «il faut un démantèlement de la politique agricole en Europe.»
Riches et égoïstes
Mais le directeur-général du FMI est même allé plus loin dans sa critique. «Les sociétés des pays avancés sont trop égoïstes pour renoncer à leurs privilèges, ce qui est nécessaire afin de donner une meilleure chance aux pauvres.»
Moins d'égoïsme, c'est aussi le message de Laurent Fabius, qui a rappelé la nécessité de renforcer l'aide aux pays en développement. «Si nous voulons nous débarrasser du terrorisme, l'action militaire ne suffit pas, a lancé le ministre français de l'économie, des finances et de l'industrie. Il faut aider les pays pauvres à se développer. C'est aussi une guerre.»
Autre point important, tant pour Laurent Fabius que pour Horst Köhler: la mise en place de politiques économiques est nécessaire. Le ministre français a souligné l'importance des mesures prises en Europe, dans le sillage du paquet de stimulation économique adopté par Washington.
Pas de scénario catastrophe
«Il ne faut pas oublier qu'immédiatement après le 11 septembre, certains craignaient que l'économie mondiale puisse s'effondrer totalement, a quant à lui rappelé Horst Köhler. Ce scénario catastrophe n'est pas arrivé, et cela a sans doute quelque chose à voir avec cet effort coordonné.»
Un point de vue partagé par Yashwant Sinha, le ministre indien des finances, qui attend des institutions de Bretton-Woods (le FMI et la Banque mondiale) qu'elles jouent un rôle anticyclique, en contrant le ralentissement économique.
Car, a rappelé Yashwant Sinha, l'impact de l'actuelle récession globale ne sera pas le même partout. «Dans les pays du Sud, cette récession va provoquer beaucoup plus de misère, car il n'y pas, ou peu, de système de sécurité sociale.»
Optimisme mesuré
Où en sont, justement, les perspectives économiques? Comme l'a expliqué Kenneth Dam, Secrétaire-adjoint au Département américain du Trésor, les signaux, aux Etats-Unis, sont plutôt positifs, avec une légère croissance du PIB lors du quatrième trimestre.
Le professeur Paul Krugman, de l'université de Princeton, en essayer de faire la synthèse des avis exprimés par toute une série d'économistes invités par le Forum, a évoqué la possibilité d'une reprise de l'économie américaine, mais qui pourrait rester modeste.
Quant à l'Europe, les perspectives ne semblent ni trop négatives, ni très enthousiastes. Pour le Japon par contre, l'impression est unanimement négative. Pour les pays émergents, deux tendances se dessinent: l'une est modérément optimiste, pour l'Asie, et l'autre légèrement pessimiste, pour l'Amérique latine.
Pierre Gobet, New York

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