Les milliards détournés au Nigeria passent par des banques suisses
Sur demande du Nigeria, l'Office fédéral de la police a ordonné mercredi le gel provisoire des comptes de l’ancien chef d’Etat nigérian Sani Abacha, de ses proches et d’autres personnes dans plusieurs banques de Genève et de Zurich.
Sur demande du Nigeria, l'Office fédéral de la police a ordonné mercredi le gel provisoire des comptes de l’ancien chef d’Etat nigérian Sani Abacha (photo), de ses proches et d’autres personnes dans plusieurs banques de Genève et banque de Zurich.
Décidément, les chefs d'état étrangers apprécient les coffres des banques helvétiques. Après l'affaire des fonds russes, l'Office fédéral de la police a bloqué à titre provisoire des comptes appartenant à Sani Abacha, l'ancien dictateur du Nigeria. Il aurait pillé des dizaines de milliards de dollars dans les caisses de son pays.
Au pouvoir entre novembre 1993 et juin 1998, le général Abacha aurait mis en place un vaste système pour détourner à son profit les richesses du pays. Via des fausses factures ou simplement avec des prélèvements en cash auprès de la Banque centrale du Nigeria, le chef d'état et son entourage ont prélevé à leur profit des sommes colossales. «A ce jour nous avons les preuves que 2,2 milliards de dollars ont quitté frauduleusement le pays, mais l'enquête ne fait que débuter et le montant soustrait dépasse largement les dix milliards», précise Me Enrico Monfrini dont l'étude genevoise a été chargée du dossier par l'actuel gouvernement nigérian.
L'argent aurait ensuite transité par des banques à Genève et Zurich. A Genève, l'Office fédéral de la police a bloqué des comptes dans des filiales de banques françaises et auprès d'un établissement genevois très connu, qui a déjà fait la une des journaux dans d'autres affaires. A Zurich il s'agit de la succursale d'une banque américaine. Une enquête pour blanchiment d'argent devrait rapidement être ouverte à Genève.
«Dans ce dossier plusieurs banques suisses semblent avoir pour le moins agit à la légère en acceptant ces sommes sans trop se poser de questions sur leur provenance. Elles pourraient avoir quelques ennuis judiciaires», estime un proche du dossier. Cette enquête devrait se développer très rapidement car, contrairement aux affaires russes, elle implique un chef d'Etat qui n'est plus en place. Sani Abacha est en effet décédé le 8 juin 1998 suite, selon la version officielle, à un «surmenage sexuel». Il a été retrouvé mort dans les bras de charmantes femmes.
Luigino Canal

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