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Les jours du loup du val Bergaglia sont comptés

Le loup du val Bregaglia risque de partager le sort de celui du Val d'Hérens, tué il y a quelques jours. Keystone

Le canton des Grisons vient d'annoncer qu'il avait autorisé le tir du loup qui, venu d'Italie, vit actuellement dans le val Bregaglia. Motif: le prédateur, qui est à l'origine de la mort de 50 moutons depuis ce printemps, a causé trop de dégâts. Une mesure pourtant condamnée par le WWF.

Ce contenu a été publié le 22 août 2001 - 10:55

Les autorités grisonnes ont pris cette mesure en accord avec l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEP) et en application, expliquent-elles, du «concept loup suisse» mis sur pied par les instances fédérales. Des lignes directrices, encore provisoires, destinées à accompagner le retour du loup en Suisse, et qui permettent d'abattre un animal lorsque celui-ci occasionne des «dégâts insupportables».

Condamnation du WWF

La limite, fixée à 50 animaux égorgés au cours d'un été, a donc été franchie au val Bregaglia, où le carnassier a attaqué à 14 reprises. Et pourtant, le WWF regrette et condamne la décision prise par le canton des Grisons, en la jugeant prématurée. «Elle intervient alors que les mesures de prévention n'étaient certainement pas tout à fait effectives, ajoute Thomas Gerdil, de l'organisation de défense de l'environnement. Les moutons qui ont été tués n'étaient en fait souvent pas protégés.»

On a pourtant tenté de soustraire les ovins aux dents du loup. «Nous avons d'abord mis à disposition des clôtures, pour rassembler les moutons, explique Hansjörg Blankenhorn, inspecteur fédéral de la chasse. Mais ce n'est pas très efficace. Ensuite, nous avons mis des bergers là-bas, avec des chiens de protection. Mais dans le val Bergaglia, les moutons ne sont pas habitués aux chiens et dans ces conditions il est très difficile pour le chien d'être efficace.»

Des troupeaux vulnérables

Tant à Berne que du côté du WWF, on tombe d'accord sur le principal obstacle à la coexistence du loup et de l'élevage: ce sont les méthodes pastorales. «La règle, en Suisse, c'est qu'il n'y a pas de bergers. Les moutons sont laissés à eux-mêmes», explique Hansjörg Blankenhorn. Ce qui rend les troupeaux extrêmement vulnérables, dès qu'un grand prédateur pointe le bout de son museau.

Une vulnérabilité génératrice de tensions entre éleveurs, autorités cantonales, fédérales et défenseurs de la faune. Ainsi, le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB), qui réunit notamment les cantons de montagne, des communes, des organisations agricoles, part en guerre contre ce qu'il considère comme une «réintroduction» du loup, qualifiée d'«absurdité». Pour le SAB, «le loup n'apporte rien, si ce n'est des problèmes pour les populations de montagne».

Le loup chez lui en Suisse

Une affirmation évidemment contestée par le WWF, qui rappelle que le loup est protégé, notamment par la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe. Thomas Gerdil: «le loup fait partie de la faune indigène et a droit, à ce titre, de vivre en Suisse. Il a un rôle important à jouer au niveau de l'écosystème et il apporte une richesse, par sa présence, qui est naturelle et légitime.»

Son retour en Suisse semble d'ailleurs inéluctable, depuis que sa présence a été attestée, en 1995, en Valais. «Nous sommes en train de vivre une phase d'expansion du loup, précise Hansjörg Blankenhorn, depuis le sud de la France et l'Italie, vers le nord.» On a donc sans doute pas encore fini de parler de l'animal. D'autant que celui du val Bregaglia n'est pas encore mort.

Pierre Gobet, Zurich

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